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Je pense que nous avons désormais tous les outils nécessaires à l’étude du parcours de la substance vivante dans la matière. Les scientifiques expliquent cette saga par l’évolution biologique. Nous épouserons cette thèse sans pourtant fermer la porte à des paramètres complémentaires permettant de hausser notre niveau d’appréhension de la réalité jusqu’à l’émerveillement, jusqu’à la vision inspirée.
Il ne s’agit pas pour nous toutefois de décrire pas à pas les méandres du chemin qu’a emprunté la substance vivante. Plutôt qu’une démarche sur le terrain de la biologie — c’est-à-dire dans le menu détail de la nomenclature des espèces et de l’histoire de leur adaptation à l’environnement — je propose un regard à distance, une vision à vol d’oiseau. C’est en effet d’une certaine hauteur que nous pourrons saisir la signification des grandes étapes franchies par la substance vivante dans son périple.
Nous passerons donc en revue quatre bonds qualitatifs, quatre sauts prodigieux. Ce sont les quatre paliers de la Maison de la vie illustrés dans le graphique de la courbe ascendante, repris ici pour référence.
L’illustration montre ces quatre étapes comme successives de sorte qu’elle ne rend pas compte d’un aspect important de leur élaboration structurale. Car ces étages ne font pas que se succéder, ils s’emboîtent les uns dans les autres comme un jeu de poupées russes. Dans la Maison de la vie, chaque niveau se construit indépendamment autour de l’autre antérieur et non pas uniquement au-dessus comme les étages d’un immeuble. Et c’est pourquoi j’ai désigné chacun de ces paliers comme un “monde” jouissant d’une certaine autonomie.
Nous observerons donc tour à tour les quatre étages, imbriqués les uns dans les autres : le monde des unicellulaires, le monde des multicellulaires, le monde de la conscience réfléchie et le monde de la conscience universelle ou unifiée.
Commençons donc par pénétrer dans le monde microscopique des unicellulaires.
Voici que tout a été mis en place par la force unificatrice. De grosses molécules d’acide nucléique et de protéines se sont agglutinées et accrochées les unes aux autres. Ce sont les ébauches de la pré-vie. Et puis, tout à coup, ce qui était jusque-là inerte s’anime. La vie organique est née, enclenchée peut-être par des décharges électromagnétiques provenant des tempêtes turbulentes de l’atmosphère terrestre ainsi que par d’autres causes et facteurs encore inconnus. Rien désormais ne sera plus jamais pareil. Du monde inerte de la matière en état de refroidissement surgit le frémissement du vivant. Un fourmillement parti presque de rien qui s’étendra éventuellement à la grandeur de la planète comme un filet aux mailles entrecroisées.
On doit s’arrêter ici un instant pour saisir la profondeur et l’importance de cet événement sans précédent. Tout ce qui est vivant sur la Terre en a émergé comme d’une source. L’hypothèse voulant que la vie ait pu surgir sur notre planète à partir d’une seule cellule originelle fait encore plus ressortir le côté absolument merveilleux, étonnant du phénomène. Tous les vivants qui existent, ont existé et existeront dépendent de cette cellule-mère.
Albert : La plupart des savants croient que la vie sur la Terre a pu surgir un peu partout à la fois en continuité avec l’évolution des structures moléculaires.
— Une pratique scientifique veut, dans la formulation d’hypothèses, que ce soit l’explication minimale qui emporte l’adhésion et s’impose le plus souvent expérimentalement. Dans le cas qui nous occupe, l’explication la plus économique, n’est-ce pas celle qui présume une première et unique cellule par opposition à une origine multiple ? En tout cas, cette présomption est suffisante pour rendre compte de la biosphère.
Par ailleurs, considérons la formation de la matière sous l’angle de la complexité. Observons que ce n’est toujours qu’une fraction des éléments d’un niveau donné qui passe à un développement plus élaboré. Par exemple, seule une fraction des particules originelles a participé à la formation des atomes lourds et seulement un petit nombre de ces derniers a pu accéder au niveau des grosses molécules dont encore une bien faible quantité est intégrée aux structures vivantes. Si bien qu’il ne me semble pas farfelu de supposer que l’inconcevable brassage de l’immense laboratoire cosmique de particules, d’atomes et de molécules ait été nécessaire à l’émergence d’une seule et initiale cellule vivante sur la Terre.
Je ne prétends pas que cet argument minimaliste soit indiscutable. Je le propose sous toute réserve. Il a pourtant le mérite de faire dramatiquement ressortir l’ampleur du phénomène que nous tentons de comprendre. C’est un fait indéniable que le grandiose développement de la vie terrestre tire son origine d’une manifestation initiale dérisoirement humble. Au regard de cette croissance phénoménale, la question de savoir si la naissance de la vie remonte à une ou plusieurs cellules est secondaire.
Quoi qu’il en soit, voilà que la vie est lancée dans le monde microscopique des unicellulaires. Elle se développera dans deux directions transversales de croissance. Dans l’axe horizontal, les organismes se multiplieront en s’adaptant à l’environnement terrestre ; dans l’axe vertical, ils accroîtront leur qualité de vie en s’élevant et en se complexifiant pour s’ouvrir davantage à la source originelle. Adaptation et dépassement. Telles sont les deux grandes lois de l’évolution. Elles régissent le développement des organismes, tant au niveau des unicellulaires qu’aux autres étages de la Maison de la vie.
— Comment ces lois s’appliquent-elles aux unicellulaires ?
— Considérons d’abord l’adaptation. Dans un premier temps, la substance vivante pousse les organismes à se diversifier en s’adaptant aux diverses conditions environnementales : l’eau, la terre, l’air, la chaleur, le froid, l’humidité, la sécheresse, etc. Ces ajustements biologiques sont transmis lors de la reproduction par division cellulaire. Des héritages marqués, donc, par l’appartenance à des catégories, à des espèces.
Dans un deuxième temps, les organismes se transforment pour s’ajuster au contexte changeant créé par les autres organismes. Tandis que les conditions de la matière demeurent relativement stables à l’échelle du microcosme, la croissance exponentielle des autres organismes génère une instabilité du milieu qui nécessite des ajustements constants. De sorte que l’exigence d’adaptation à l’environnement finit par répondre plus aux changements du contexte biologique qu’à ceux de la matière inerte. Une fois que l’espèce à laquelle l’organisme appartient est adaptée à une niche particulière trouvée dans les aspérités de la matière, les transformations ultérieures sont surtout provoquées par les autres espèces avec lesquels elle doit entrer en compétition ou travailler en synergie.
C’est dans le sillage des rapports des espèces entre elles que s’est développé graduellement le contexte général de la vie sur la Terre, soit la nature. L’approche holistique du phénomène des vivants fait ressortir l’interdépendance et la complémentarité des espèces. Elle pointe en direction d’une organisation générale qui encadre la diversité biologique. Dans cette optique, on serait tenté d’imaginer la nature comme une sorte de super organisme, un grand vivant qui coordonnerait les fonctions diverses pour maintenir en équilibre les forces en jeu dans l’environnement terrestre.
Notons que cette interdépendance ne se limite pas à des rapports du moment. La solidarité de la nature est intemporelle. Le travail des organismes primitifs dans le lointain passé de la vie a préparé l’émergence de ceux d’hier et d’aujourd’hui. Alors que l’atmosphère terrestre était principalement constituée de gaz qui s’avéreraient nuisibles, ou même mortels, au développement d’organismes plus évolués, les algues ont produit l’oxygène que nous respirons et la couche d’ozone qui protège le laboratoire de la vie terrestre des rayons ultraviolets du Soleil.
La nature est indéniablement un produit de la substance vivante. Elle résulte de l’interrelation des espèces spécialisées à des fonctions complémentaires dans un contexte d’ensemble. L’une de ces complémentarités s’est manifestée très tôt par la subdivision des unicellulaires en deux catégories. Les algues et les bactéries. À partir des premières se développeront les végétaux. Tandis que des deuxièmes sortira la lignée animale.
— Pouvez-vous dire laquelle de ces catégories est apparue en premier ?
— Il faudrait poser la question aux biologistes. La génétique pourra-t-elle donner une réponse satisfaisante ? Mais ne pourrions-nous pas induire de leurs modalités alimentaires respectives que la vie végétale a pu apparaître en premier ? Le végétal, en effet, est autotrophe. C’est-à-dire qu’il tire directement de la matière les minéraux dont il a besoin pour assurer sa croissance et sa survie. Tandis que l’animal, un hétérotrophe, dépend d’une matière déjà assimilée et transformée par d’autres organismes.
Si nous nous basons sur le seul raisonnement, il a fallu que les premiers organismes soient du genre végétal puisque ces espèces peuvent tirer leur nourriture de la pierre nue ou de molécules inertes. Tandis que l’animal dépend d’autres vivants, végétaux ou animaux. C’est pourquoi il n’aurait pu venir en premier puisqu’il n’aurait pu trouver de nourriture pour vivre et croître.
— Certaines bactéries se nourrissent de minéraux.
— Vous avez raison de le souligner. Mais il demeure que, règle générale, les animaux peuvent se nourrir de végétaux tandis que les végétaux dépendent rarement du règne animal et pourraient même à la rigueur s’en passer pour se développer. La végétation aurait donc pu être la seule forme vivante sur notre planète. Ce qui n’est pas le cas pour la vie animale.
Peut-on voir dans ce fait l’exécution d’un plan, l’indice d’une intention délibérée ? Tout se passe comme si les végétaux étaient apparus pour fournir un cadre de développement au règne animal. Ainsi, la vie végétale dresserait la scène sur laquelle se déroule le grand jeu de la vie animale.
— Cette hypothèse permettrait d’expliquer pourquoi le développement végétal est moins élaboré que la biologie animale.
— Il semble en effet que les végétaux soient une production secondaire de la substance vivante. Ils joueraient le rôle des meubles dans la Maison de la vie. La vie végétale est toutefois significative. Nous y reviendrons !
Considérons maintenant l’axe vertical de croissance du monde des unicellulaires. Notons d’abord la lenteur du processus. Selon les données scientifiques, pendant les deux milliards et demi d’années qui ont suivi l’apparition de la vie sur notre planète, il n’y a existé que des unicellulaires.
Sur la courbe ascendante de la vie, l’on peut visualiser cette lenteur de la progression verticale des unicellulaires comparativement aux autres niveaux. Des progrès aussi lents s’expliquent en partie par le système de reproduction. En se subdivisant pour se reproduire, les cellules dupliquent leur bagage génétique. De sorte que la répétition indéfinie de structures identiques laisse peu d’ouverture aux changements, une marge réduite à l’exploration de possibilités.
Tout de même, la poussée de la substance vivante a fait qu’à la longue, le monde des unicellulaires s’est transformé graduellement en s’élevant, fut-ce très lentement, dans l’axe vertical, comme l’arbre qui grandit en étalant toujours plus haut sa ramure au soleil. Générations sur générations se sont succédé et se sont empilées les unes sur les restes des autres pour produire un terreau vital de plus en plus riche, plus efficace, plus complexe et, conséquemment, en mesure d’impulser un plus grand essor vertical.
En réponse aux limites rencontrées dans la matière par les organismes, résistances qui incluent les autres organismes avec lesquels ils entrent en compétition, la substance vivante leur infuse un accroissement d’énergie. Elle les incite à se hausser au-dessus de leur niveau qualitatif afin de les amener ainsi à une jouissance plus intense de vie tout en leur permettant de surmonter les conditions éprouvantes vécues au niveau horizontal.
— La substance vivante dirigerait donc l’évolution…
— Elle ne dirige pas. Plutôt, elle pousse. La nuance est importante. Diriger une chose, c’est lui imposer une direction préalablement définie. La substance vivante n’impose pas. On doit plutôt l’imaginer comme une énergie, un dynamisme qui donne une poussée intérieure aux organismes pour qu’ils en viennent à parcourir leur propre trajectoire et à poursuivre leur chemin “personnel”, pouvons-nous dire. Lorsque l’on verse une certaine quantité d’eau sur une surface ondulée, le liquide se ramasse tout naturellement dans les cavités, n’est-ce pas ? Il en est ainsi pour la substance vivante vue dans l’axe horizontal d’adaptation. Elle est un fluide qui s’insinue tout naturellement dans les failles de la matière. Elle s’investit dans un moule dont la forme a déjà été fixée lors de la genèse des éléments de la matière.
Mais dans l’axe vertical du dépassement, la substance vivante ne progresse pas en épousant des formes déterminées d’avance. L’énergie vitale ne doit pas être vue au-devant de l’évolution mais en arrière des organismes. Elle agit comme une force qui fait avancer en cherchant des solutions inédites, en explorant des voies nouvelles, des débouchés pour surmonter les obstacles rencontrés sur la route de la croissance.
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3 réponses à “13- Le monde des unicellulaires”
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COMMENTAIRE
D’entrée de jeu, l’auteur précise qu’il va épouser la thèse de l’évolution biologique « sans pourtant fermer la porte à des paramètres complémentaires permettant de hausser notre niveau d’appréhension de la réalité jusqu’à l’émerveillement ». Là-dessus, je partage entièrement l’approche de mon ami Paul. C’est probablement un des points qui nous a unis dans cette commune réflexion. Je déplore la stagnation de la présentation de la théorie de l’évolution qui refuse d’aller au fond des choses. Notre Groupe de Travail propose humblement sa contribution à une telle recherche si importante pour mieux comprendre la vie et son sens, et ultimement le sens de la vie humaine.
Rapidement, notre auteur est placé devant l’impossibilité de comprendre comment la vie a pu émerger de la matière inanimé. Je suis étonné qu’il s’attarde à des « causes et conditions extérieures encore inconnues » (p. 162). La vie n’est-elle pas entièrement intérieure, comme il l’a si souvent affirmé ?
Puis, il présente « les deux grandes lois de l’évolution » des êtres vivants : « Adaptation et dépassement ». J’en ai parlé souvent, la présentation de ces deux grandes lois a été une des grandes lumières que j’ai reçues de la lecture des œuvres de mon ami Paul. Déjà, cela nous sort de l’éternelle répétition de l’unique « adaptation » pour parler de l’évolution. En fait, l’adaptation, comme nous le verrons plus loin, ne produit aucune évolution. C’est le contraire. À la limite, nous pourrions dire : plus je m’adapte, moins j’évolue.
La « substance vivante » est ensuite présentée comme un moteur qui « pousse les organismes à se diversifier ». C’est la « 5e force » dont nous avons parlé, même si M. Bouchard n’aime pas cette expression. Par contre, je suis un peu étonné que, à la fin de cet entretien, Paul affirme que « l’énergie vitale ne doit pas être vue au-devant de l’évolution mais en arrière des organismes. Elle agit comme une force qui fait avancer en cherchant des solutions inédites, en explorant des voies nouvelles ». J’aurai besoin d’un peu d’explication sur cela. En effet, nous avons dit précédemment que la vie se manifeste dans sa fin, et non dans son début. Il me semble donc qu’elle devrait être vue comme étant « en avant » pour tirer dans une direction et non pas « en arrière ».
Nous sommes mis ici devant la conception philosophique des diverses « causes ». J’avoue ici mon incompétence philosophique. Comment distinguer la « substance vivante » en tant que cause motrice et « la vie » en tant que cause finale ?-
Ton questionnement sur l’impulsion ou l’attraction comme cause des transformations évolutive de la substance vivante a déjà été soulevé dans un paragraphe du 10e entretien, (page 136 de ton édition et 153 de la deuxième) que je reproduis ici.
La question est « de savoir si c’est la vigne qui cherche le Soleil ou le Soleil qui aspire la vigne. La croissance de la substance vivante dans l’axe vertical serait-elle causée par l’aspiration de la source première d’énergie ou si c’est plutôt la substance vivante qui, par sa propre énergie, s’élève vers la symétrie originelle ? Rien ne permettra d’échapper au cercle vicieux car le questionnement est insoluble. À moins de postuler que c’est la combinaison des deux qui fait l’unique réalité. Il n’y aurait pas alors à choisir entre les deux options si l’aspiration de la source originelle et la poussée de la substance vivante étaient l’expression duale d’une seule et même chose. »
On doit d’autre part se souvenir du contexte de la discussion précédente qui visait à définir la substance vivante. On a dit qu’il fallait la considérer à la fin de son parcours, et non au début comme c’est le cas pour la matière, cette fin toutefois n’étant pas autre chose que l’expression parfaite d’elle-même. Cette fin n’est donc pas formellement prédéfinie. Il s’ensuit qu’elle ne pourrait pas servir de Forme idéale “en avant” des espèces et vers laquelle elles seraient aspirées.
À l’opposé, la substance vivante ne prédétermine pas les formes biologiques. Elle infuse son énergie “en arrière” des organismes. « On doit plutôt l’imaginer comme une énergie, un dynamisme qui donne une poussée intérieure aux organismes pour qu’ils en viennent à parcourir leur propre trajectoire »
Mais alors, si ni la fin (“devant” le parcours biologique) ni le commencement (“derrière” la poussée énergétique) ne sont la cause de la diversité des espèces, qu’est-ce qui la détermine ? La question n’obtient pas de réponse tant que l’on en reste aux spéculations autour du volet invisible de la réalité. Mais si l’on tient compte de l’autonomie de l’univers (le système clos), l’on peut reconnaître que ce sont les contingences extérieures qui sculptent les formes et constituent le médium par lequel s’effectue l’exploration évolutive. Ainsi, la substance vivante peut alors être vue comm une énergie en quelque sorte aveugle qui exerce une pression sur la matière pour que “la vie dans le monde visible” parvienne à l’épanouissement de la permanence.
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Le graphique des “mondes imbriqués”, faisant suite à celui de la courbe ascendante, est révélateur. Il révolutionne tant des conceptions de la culture religieuse que des hypothèses scientifiques. Au-delà des quatre niveaux biologiques, souvent perçus sous l’angle de la discontinuité, il illustre le dynamisme unitaire et sans rupture de la substance vivante.
Certes, si l’on s’en tient au graphique de la courbe ascendante, il existe une distance infranchissable entre les différents paliers de la Maison de la vie. Chaque étage semble fermé sur lui-même, comme si chacun était isolé des autres. Par quel moyen biologique, en effet, le monde microscopique des unicellulaires pourrait-il communiquer avec le monde des multicellulaires et vice versa ? L’ordre de grandeur entre ces deux mondes est sans mesure pour les sens. De même, il n’existe pas de langage permettant au monde de la conscience réfléchi de dialoguer avec les mondes antérieurs des multicellulaires ou des unicellulaires.
Par contre, le graphique des mondes imbriqués fait ressortir le parcours cumulatif et sans rupture de la substance vivante. De sorte que chaque nouveau monde se constitue par-dessus et autour du monde antérieur dont il est la synthèse. Lors du passage d’un niveau à l’autre, rien n’est perdu de l’expérience vitale du niveau antérieur. Au palier des pluricellulaires, la cellule n’est pas éliminée. Bien au contraire, elle est “sauvée” et “décuplée”.
Pour le point de vue de la révélation, il est important de comprendre que le monde de la conscience unifiée “sauve” et “décuple” le monde de la conscience réfléchi en lui donnant accès à un épanouissement permanent. Le monde humain n’est pas perdu mais transformé et haussé à un degré d’exaltation inaccessible à l’humanité. Elle s’en trouve illuminée et emportée vers le Terme par le fleuve ascendant de la substance vivante. De sorte que l’infranchissable fossé entre nature et surnature est comblé.
L’impact de cette transmutation à venir peut générer un radical changement de cap au niveau de la conduite spirituelle actuelle. Car le monde nouveau ne se bâtit pas sur les ruines du monde présent comme on a pu le croire et le vivre pendant deux millénaires. Plutôt, les valeurs et les œuvres humaines positives y seront portées à un accomplissement définitif… ce qui donne un sens incoercible à l’engagement en vue du service à l’humanité.
« Nous ne voudrions pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement par-dessus l’autre, pour que notre être mortel soit absorbé par la vie », écrit saint Paul, une preuve qu’il concevait le devenir humain sous la forme illustrée par le graphique des mondes imbriqués. Et il espérait vivre le passage du 3e au 4e étage durant sa vie terrestre comme en témoigne ce sublime extrait de la 2e lettre aux Corinthiens.
« Nous le savons, en effet, même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes. En effet, actuellement nous gémissons dans l’ardent désir de revêtir notre demeure céleste par-dessus l’autre, si toutefois le Seigneur ne doit pas nous trouver dévêtus mais vêtus de notre corps. En effet, nous qui sommes dans cette tente, notre corps, nous sommes accablés et nous gémissons, car nous ne voudrions pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement par-dessus l’autre, pour que notre être mortel soit absorbé par la vie. Celui qui nous a formés pour cela même, c’est Dieu, lui qui nous a donné l’Esprit comme première avance sur ses dons. » (2 Co 5 1-6).
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