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Christian : Votre interprétation de la Bible ne manque pas d’imagination. Vous relativisez trop à mon goût la Parole divine en l’expliquant par la subjectivité des rédacteurs. Quant à moi, je préfère m’en tenir à la lettre de l’Écriture.
– Cher Christian, à moins de tomber dans un fondamentalisme borné, l’on se doit de reconnaître que la Bible a été écrite par des humains marqués par les conceptions de leur temps. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’ait pas été inspirée par l’Esprit Saint. Le travail légitime de l’exégèse ne consiste-t-il pas précisément à en dégager le message divin ? Ce qui doit être recherché dans l’Écriture, ce n’est pas la conformité à la lettre mais bien le diamant spirituel caché sous la gangue de la culture des auteurs. L’Esprit qui a jadis inspiré les écrivains peut encore insuffler sa divine révélation en ceux qui scrutent aujourd’hui le texte biblique.
Je ne prétends pas disposer de tous les outils nécessaires à l’étude exégétique de ces textes anciens. Mais pour ce qui est de prendre la Genèse au pied de la lettre, la Bible elle-même le désapprouverait. Le Nouveau Testament n’affirme-t-il pas que « la lettre tue, l’Esprit vivifie » (2 Co 3, 6 ; cf. Jn 6, 63) ? Quant à l’Ancien Testament, il n’est pas nécessaire de se rendre bien loin dans sa lecture pour s’interdire une lecture fondamentaliste. Car s’il fallait s’en tenir rigoureusement au sens littéral, la Bible se trouverait à entrer en contradiction avec elle-même dès les deux premiers chapitres de la Genèse. Ils contiennent en effet deux récits de la création largement contradictoires.
Dans le premier récit de la Genèse, l’homme est créé en dernier (Gn 1, 26). Tandis que dans le deuxième, il est modelé en premier (2, 7). Au premier chapitre, les végétaux sont “produits” par la Terre le troisième jour (1, 11). Au deuxième chapitre, ils sont “plantés” par le Seigneur tout de suite après la création de l’homme (2, 8). L’auteur du premier récit affirme que les animaux ont été créés avant l’homme, le même jour, soit le sixième (1, 24). Au deuxième récit, ils sont modelés par le Créateur après la création du premier homme et des végétaux (2, 19) …ensuite vient la femme (2, 22) !
D’autre part, le premier récit manifeste des incohérences internes flagrantes par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui. Une première chose à remarquer. L’auteur, qui élabore sur la création du Soleil, de la Lune et des étoiles le quatrième jour, ne dit rien sur la création de la Terre.
Certes le premier verset précise : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ». Mais il s’agit là d’un titre qui coiffe le récit et amène la conclusion du chapitre 2, verset 4 : « Telle fut l’histoire du ciel et de la terre quand ils furent créés ». Le Ciel et la Terre auxquels il est fait allusion dans ce contexte, explique une note de la Bible de Jérusalem, « sont l’univers ordonné, le résultat de la création ». Toutefois, il n’est pas spécifiquement fait mention de la création de notre planète à l’intérieur du récit des sept jours. L’auteur présume simplement sa préexistence le premier jour sans que soit prononcé le « Dieu dit » pour la faire exister. Seulement, cette Terre est « vague et vide ». Elle est couverte par « les ténèbres » et « un souffle de Dieu planait à la surface des eaux » (Gn 1, 1).
S’il fallait donc s’en tenir à la lettre de la Genèse, Dieu n’aurait pas créé l’univers de rien mais à partir de la masse encore informe de notre planète. Cette interprétation, d’ailleurs, contredirait non seulement les connaissances scientifiques mais la foi elle-même.
Deuxième point. Le premier récit précise que les végétaux ont été créés le troisième jour, avant les astres, dont le Soleil et la Lune, créés le quatrième jour. Et puisque nous avons déjà convenu que les « jours » de la création ne représentent pas 24 heures mais impliquent un long laps de temps, il est impossible qu’en l’absence du Soleil la végétation ait pu opérer la photosynthèse indispensable à sa survie.
Enfin, la lumière est créée le premier jour alors qu’il n’est pas fait mention d’une source lumineuse avant le quatrième jour. Or, dans notre réalité, la lumière ne peut exister d’une manière autonome. Elle est un phénomène lié à la combustion d’un corps quelconque, et particulièrement celui des astres.
– Le Tout-Puissant n’a-t-il pas le pouvoir de créer de la lumière indépendamment des astres ?
– J’en conviens ! Mais si Dieu a créé la lumière avant les astres qui l’émettent, ce ne peut être la lumière physique que nous connaissons. Dans quel cas, vous devez admettre que cette interprétation n’est plus conforme à la position que vous défendiez, il y a un instant. À savoir que vous vous en remettez à la lettre de l’Écriture pour expliquer notre niveau de réalité.
Je peux donc accueillir votre hypothèse de la création d’une lumière différente de celle que nous connaissons – une lumière spirituelle en quelque sorte – si vous me concédez que la Bible emploie un autre langage que celui des connaissances objectives, langage que nous devons décoder pour en saisir la véritable signification. Et à cet égard, les contradictions que nous avons relevées peuvent nous amener à nous brancher sur l’authentique Parole de Dieu en la décantant de l’accessoire.
Ces incohérences, en tout cas, permettent d’identifier la part de l’homme dans la rédaction de l’Écriture. Et en regard de la Genèse, nous pouvons en induire que les deux récits de la création proviennent de traditions indépendantes l’une de l’autre. Ils ont été écrits dans des contextes sociaux et culturels différents qui ne communiquaient guère entre eux. Les deux versions de la création ont pu ensuite être colligées par un scribe avec les autres récits de la Genèse dans le but de rassembler en un livre divers documents significatifs portant sur les origines.
– Vous soutenez qu’il ne faut pas prendre la Bible à la lettre. Cette affirmation ne renverse-t-elle pas complètement la pratique des chrétiens qui lisent chaque jour l’Écriture pour s’en nourrir ?
– Cher Christian, le scribe qui a collé ensemble les deux exposés sur la création a certainement constaté leurs divergences les plus évidentes. Ce qui ne l’a pas empêché de les juxtaposer. Il était conscient de leur signification profonde à un autre niveau que celui de la lettre. C’est à une telle élévation d’esprit qu’il faut accéder pour comprendre le message inspiré par l’Esprit.
Si je soutiens que la Bible ne doit pas être prise au pied de la lettre, ce n’est pas uniquement parce que l’on devrait, en s’accrochant au sens littéral, se confronter aux contradictions et incohérences des deux premiers chapitres de la Genèse. Il y a une raison encore plus sérieuse qui impose au croyant de se hausser à un autre niveau que l’interprétation littéraliste. Elle tient de ce que les écrits bibliques n’ont pas pour raison d’être d’informer sur les réalités extérieures mais visent plutôt l’édification intérieure des croyants.
L’Écriture n’a pas été rédigée pour fournir à l’avance des réponses aux questions que la rationalité peut éventuellement résoudre par elle-même. L’Esprit Saint qui l’a inspirée vise la croissance du cœur et de l’esprit de l’être humain. La Genèse ne prétend pas décrire scientifiquement l’univers. Elle n’est pas non plus un rapport journalistique sur les événements originels. Elle propose plutôt une vision de la réalité qui réconcilie les contradictions apparentes et utilise même les incohérences pour évoquer un ordre de réalité au-delà des concepts rationnels. Soit, l’univers de la foi, le monde divin.
Il est inévitable – et même, c’est une condition essentielle – de scruter et d’interpréter les textes pour pénétrer dans cet univers afin d’accéder à leur véritable sens. Pour nourrir efficacement la vie spirituelle, la lectio divina requiert que les Écritures soient méditées et interprétées.
Nous ne sommes pas toujours conscients d’effectuer un travail d’interprétation lorsque nous lisons la Bible dans l’optique de la foi. Nous estimons pourtant indispensable de nous interroger sur ce qu’un passage particulier peut signifier pour nous. En fait, notre écoute de la Parole fait que nous transposons et adaptons un texte ancien pour l’appliquer à nos conditions actuelles.
L’interprétation est une clef incontournable pour accéder au sens de la Bible. Il y a donc une part inévitable de subjectivité dans la lecture de tout croyant. Cette part est non seulement légitime, elle est essentielle à la croissance de la foi.
– Mais a-t-on le droit d’étudier la Bible, comme vous le faites, en faisant abstraction de la foi ?
– Il est tout à fait légitime d’étudier la Bible objectivement comme d’autres documents issus de l’Histoire. Cette recherche ne manquera certes pas d’avoir des effets sur le plan culturel de la croyance. Mais si l’on fait confiance à la capacité de la raison d’accéder à la vérité, sans pour autant cesser de croire fermement en la révélation biblique, ces répercussions s’avéreront en bout de ligne positives. Entre autres, elles permettront de discerner avec plus de rigueur la part de l’homme dans les Écritures de manière à les dégager de leurs éléments accidentels.
Dans la foulée de cette démarche, la Bible peut être vue comme une collection de livres de diverses époques témoignant de cultures archaïques. Des fossiles littéraires, en quelque sorte, incrustés dans la pierre du temps. Des vestiges du passé qui ne manquent certes pas d’intérêt au plan strictement humain. On peut y suivre une évolution spirituelle dont la culture moderne est tributaire jusque dans son fondement.
Voilà pour le côté humain des Écritures. Mais il faut aussitôt ajouter pour le croyant qu’au-delà des cultures, des styles littéraires, des intentions conscientes ou non des auteurs et des milieux sociaux qui ont produit ces textes, Dieu a proclamé une Parole. Nous ne disons pas “les paroles” au pluriel mais la Parole au singulier.
Ce n’est pas parce qu’ici et là on retrouve dans la Bible des paroles attribuées à Yahvé qu’on qualifie la Bible de Parole de Dieu. Non plus parce que certains passages sont particulièrement édifiants ou font état d’un code moral. Elle est Parole de Dieu globalement, dans son ensemble, en tant qu’entité, parce que le Seigneur, selon notre foi, s’y est manifesté et s’y manifeste encore aujourd’hui par son Esprit.
Le langage de Dieu est transcendant. Sa Parole s’élabore au-delà des mots que les humains utilisent pour traduire leur pensée ou exprimer l’inspiration de l’Esprit. Lorsque Dieu parle à l’humanité, ses mots à lui s’étalent sur des siècles. Ils englobent des événements, font intervenir des peuples et mettent en scène le déroulement de l’Histoire. Ainsi, chaque livre, chaque passage de la Bible se rapportent à un tout dont l’ensemble forme la Parole divine.
Il est donc impossible d’interpréter correctement le sens d’un passage isolé sans l’éclairer par l’ensemble. Cette Parole a été écrite sur plusieurs générations et souvent à l’insu même des auteurs. Aucun d’eux ne s’est levé un beau matin avec l’intention d’écrire une portion de ce qui est devenu pour nous la Bible. La portée réelle de cette Parole plane en quelque sorte au-dessus du sens ponctuel et accidentel des récits de diverses époques qui témoignent, entre autres, de l’histoire vécue par le peuple hébreux. Le travail de méditation et d’interprétation du croyant consiste précisément à dégainer cette Parole de son enveloppe humaine pour la rendre opérante dans sa vie.
– En somme, le véritable sens de la Bible serait laissé à l’interprétation de chacun, c’est-à-dire à la pure subjectivité du lecteur ?
– Pas tout à fait. Il est vrai que l’interprétation personnelle est inévitable. Cependant, elle peut être de plus ou moins bonne qualité. Même, elle peut être complètement erronée. Il est donc nécessaire de faire usage de discernement pour identifier les interprétations véritablement inspirées. Deux critères peuvent nous y aider.
Premièrement, l’on peut juger de l’authenticité de l’interprétation personnelle lorsqu’elle suscite une augmentation de la foi, une intensification de la vie spirituelle, une relation plus intime du sujet avec son Seigneur. Ce sont des signes de progrès sur la voie de la transformation du cœur que vise précisément la Parole divine. Des résultats contraires indiqueraient une interprétation défectueuse.
Deuxièmement, pour être pleinement positive, l’interprétation personnelle doit s’inscrire dans un cadre plus général. Un corps doctrinal qui couvre tous les angles de l’histoire de l’homme avec son Dieu. Car la Parole de Dieu n’interpelle pas que des individus isolés les uns des autres, elle s’adresse aussi à un peuple, à un corps social. La Synagogue et les Églises chrétiennes disposent de cette grille d’interprétation. Elle est fondée, pour la Synagogue, sur l’Alliance de Yahvé avec le peuple juif et, pour les Églises, sur le kérygme apostolique. C’est-à-dire sur la proclamation initiale des Apôtres concernant Jésus-Christ – sa mort et sa résurrection – et les dogmes qui en découlent.
– Mais que restera-t-il de la Bible une fois qu’on l’aura purgée des éléments culturels qui en masqueraient, selon vous, le véritable sens ? Et même, quel intérêt pouvons-nous avoir encore à la lire s’il faut remettre en question, pratiquement à chaque page, la compréhension spontanée que nous en avons ? Comment encore croire qu’il s’agit bien de la Parole de Dieu si l’historicité des récits de l’Ancien Testament, entre autres, peut être mise en doute ?
– Je ne dirai pas qu’il faudrait cesser de lire les livres de la Première Alliance mais qu’il faut plutôt apprendre à les lire autrement. L’on ne doit plus en attendre de l’information scientifique. C’est à la raison humaine de la découvrir par ses propres efforts, selon l’injonction du Créateur qui a donné à l’homme la mission de “soumettre” la Terre (cf. Gn 1, 28). Il faut savoir que la Bible est une Parole que Dieu a adressée jadis à une humanité balbutiante afin de l’amener à la révélation de son Amour. Cette révélation, dont le véritable auteur est Dieu lui-même, garde toujours son sens pour nous aujourd’hui.
Quant à l’historicité, souvenons-nous que la Bible est une collection de documents écrits par des auteurs différents et à diverses époques. Il va de soi que ces écrits n’ont pas tous la même valeur au strict plan historique du simple fait qu’ils ne sont pas tous des documents qui visent à relater des faits historiques.
Le livre des Psaumes est un recueil de prières et non un livre d’histoire. Les écrits apocalyptiques et prophétiques visent explicitement des événements à venir et non ceux du passé. Derrière la question de l’historicité se profile donc le genre littéraire de chacun des livres de la Bible. Il ne faut pas demander à un poème, à une prière, ou même à une parole de Jésus, une exactitude historique et scientifique à laquelle l’auteur, en exposant sa pensée inspirée, n’avait aucune intention de faire référence.
Par exemple, lorsque Jésus compare son ensevelissement à l’expérience de Jonas dans le monstre marin, ce n’est pas pour garantir l’authenticité historique de l’épopée vécue par le personnage. En utilisant cette comparaison, Jésus n’avait pas l’intention de se prononcer sur une historicité dont la problématique n’existait d’ailleurs pas à son époque. Il a utilisé une histoire connue et reçue telle quelle de ses contemporains pour prédire ce qui lui arriverait. C’est la prédiction de sa résurrection qui est son véritable message et non l’aventure du personnage qu’il utilise pour l’évoquer.
Donc, on ne peut se baser sur cette prévision pour conclure à l’historicité de l’épopée de Jonas. La plupart des exégètes croient qu’il s’agit d’une fable dans laquelle, entre autres, les trois jours pour traverser la ville de Ninive – il faudrait moins de temps pour traverser à pied les villes modernes les plus grandes – font écho aux trois jours dans le ventre du monstre marin.
– À quel genre appartiennent les deux récits de la création de la Genèse ? Peuvent-ils être reçus comme des documents relatant des faits historiques ?
La science de l’histoire considère comme véritablement historiques les faits du passé dont elle peut démontrer l’authenticité par des documents, des vestiges contemporains des événements relatés. L’on ne peut donc affirmer que les deux récits de la Genèse sont historiques, tout simplement parce que personne n’a pu être témoin de la création de l’univers au début du temps.
Mais n’ont pas existé que les faits documentés par la science de l’histoire. Au sens populaire, il est permis de qualifier d’historique tout ce qui a existé en fait, même si ce n’est pas prouvé irréfutablement. Par exemple, ma grand-mère paternelle était borgne. Je n’ai pas connu ma grand-mère mais je sais qu’elle était borgne parce que mon père me l’a dit. Je ne pourrais le prouver, même à la suite d’un examen de ses restes. N’empêche que l’existence de ma grand-mère borgne soit un fait réel – certes, qui n’a pas eu d’impact notable pour l’humanité – dont je ne doute pas parce que je crois au témoignage de mon père.
Pourrions-nous alors qualifier les récits de la création d’historiques dans le sens que je viens d’évoquer ? Selon cette hypothèse, ces récits pourraient avoir été transmis oralement de génération en génération depuis Adam. Mais même en ce sens très large, nous ne pourrions qualifier ces récits d’historiques. Car en plus de l’absence de témoin que nous avons déjà notée, il y a le fait qu’une transmission orale remontant à l’origine de l’humanité aurait dû passer par un trop grand nombre de générations pour nous parvenir intactes.
Certains fossiles d’hominidés remontent à quatre millions d’années, tandis que l’espèce Homo sapiens à laquelle nous appartenons serait apparue il y a environ 200 000 ans. Donc, si nous tenons compte des données de la paléontologie, il est bien douteux, pour ne pas dire impossible, qu’une pensée aussi complexe et abstraite, que celle des récits de la création, ait pu être transmise oralement depuis le premier homme. Surtout que le langage s’est structuré graduellement dans l’humanité selon le modèle du développement de cette faculté chez l’enfant, depuis les réalités concrètes vers la pensée abstraite.
– S’il est vrai que les récits de la création ne peuvent être considérés comme des documents historiques, à quel genre littéraire appartiennent-ils ? S’agirait-il de mythes, comme certains le prétendent ?
– À mon avis, ces écrits ne peuvent être assimilés strictement au genre mythique. Il suffit de les comparer aux histoires parallèles de la création issues de diverses cultures et époques pour s’en rendre compte. Considérons brièvement quelques exemples.
Selon un mythe hindou, l’univers a été produit à partir du sacrifice de Perusa, l’homme primordial. La partie inférieure de son corps a formé la terre tandis que la partie supérieure a constitué le ciel. Les castes de la société hindoue sont identifiées aux diverses parties de son corps. Les bras sont devenus les guerriers, les jambes ont formé le commun du peuple tandis que les pieds ont donné naissance aux esclaves.
À Babylone, c’est le dieu Marduk qui initie la création en tuant la Mère universelle et en découpant son corps en deux parties pour constituer le ciel et la terre.
En Chine, un mythe raconte que la création a commencé par un œuf dans lequel sont confondus le yin et le yang, le mâle et la femelle, le froid et le chaud. De cet œuf est né Phan Ku, un géant qui, en grandissant pendant un nombre astronomique de jours, a distancé par sa stature le ciel de la terre.
En Mongolie, une femelle corbeau crée d’abord des jumeaux mâles. Son époux part pour un long vol au cours duquel il défèque pour produire les montagnes et urine pour créer les lacs, les rivières et les océans. La femme est créée par la suite par une araignée femelle (source : Wikipédia).
L’on pourrait continuer ainsi longtemps de passer en revue les nombreux mythes que les cultures ancestrales ont inventés pour expliquer l’existence du monde… Mythes qui ont eu un rôle déterminant à jouer dans le développement des cultures. Le mythe justifie, en effet, la complexité des rapports sociaux. Il a pu avoir parfois un impact néfaste sur les structures mentales des individus. Qu’on imagine l’effet sur la mentalité des gens d’un mythe pour qui, par exemple, l’univers est fait de la crasse d’un dieu ou de ses matières fécales !
Face aux images délirantes, à l’extravagance des actions rapportées, à l’invraisemblance touffue du contenu des mythes, les récits bibliques font contraste. La sobriété, la pondération, l’économie des moyens utilisés pour l’écriture des premiers chapitres de la Genèse me semble indiquer la marque d’auteurs, entendus dans le sens moderne du mot par opposition à de simples transcripteurs d’une tradition orale. Je m’explique. L’écrivain qui met par écrit un récit traditionnel n’invente rien de lui-même. Il se limite à donner une forme littéraire à une histoire transmise de génération en génération. Il n’exprime pas une pensée personnelle.
Telle n’est pas la situation des auteurs des deux récits de la création. Ils sont motivés par des intentions bien précises. Ils proposent une conception de la réalité absolument révolutionnaire par rapport aux conceptions des cultures dominantes de leur temps. Ces auteurs sont inspirés par une vision. Les affirmations de leurs écrits transcendent les temps et les cultures pour se mesurer aux énigmes qui hantent la conscience humaine depuis son origine. Ils sont conscients des grandes questions philosophiques et leur apportent des solutions théologiques originales. Questions sur l’existence de l’univers, sur la souffrance, sur le mal, sur la mort. Même les grands philosophes de l’Antiquité n’ont pu trouver de solutions satisfaisantes à ces interrogations.
Cher Christian, vous me demandez à quel genre appartiennent ces écrits. Je ne peux que les qualifier d’écrits inspirés. Ce sont des textes fondamentaux qui constituent les assises de bien plus qu’une culture. Car ils portent en eux le pouvoir de révolutionner la pensée humaine. Ils lui feront éventuellement accomplir un bond prodigieux au-delà de la rationalité. Sans aide, les auteurs n’auraient pu atteindre une telle altitude d’esprit. Dieu leur a donné une vision de la réalité hautement spirituelle. Ils ont traduit cette intuition comme ils le pouvaient, limités qu’ils étaient par le langage et les conceptions de leur temps.
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4 réponses à “2- L’interprétation de l’Écriture”
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Ce deuxième entretien, comme le premier, mériterait lui aussi d’être commenté ligne par ligne. Je me sens un peu mal à l’aise de le faire parce que je sens que l’histoire de ma relation avec la Bible est fort différente de celle de mon ami Paul. Mais comme cet effort de partage fait partie du GTPN, je me lance. Je partagerai mon long commentaire en trois « chapitres ».
Chapitre premier : Une approche plus personnelle
Comme l’œuvre que nous étudions se présente sous la forme de dialogues, il me semble que M. Bouchard aurait eu avantage à aborder cet entretien de manière beaucoup plus simple, plus humble et, surtout, plus personnelle. Il aurait pu s’introduire tout simplement en écrivant, par exemple : « Tout au long des siècles, tant et tant de personnes ont lu et relu les récits bibliques de la création. Tant et tant de personnes les ont interprétés et réinterprétés, y trouvant sans cesse des lumières nouvelles pour donner du sens à leur vie et à leur mort, à leurs joies et à leurs peines, à leur amour et aux diverses formes de relations qui trament le cours de leur existence. Ils l’ont fait à partir de leur milieu culturel et de l’esprit de leur temps. À mon tour, j’aimerais, en tenant compte des connaissances scientifiques culturellement admises aujourd’hui, proposer une interprétation de ces récits. J’ose croire que ce regard différent pourra apporter quelques lumières et contribuer, même modestement, à cette civilisation de l’amour à laquelle nous aspirons tous ».
Il me semble que, en utilisant une approche de cette sorte, il aurait évité de devoir discréditer des interprétations différentes qui, dans un esprit de dialogue, contribuent, en fait, à enrichir la compréhension. J’y reviendrai dans le troisième chapitre de ce commentaire.Chapitre deuxième : Des affirmations lumineuses
Après une présentation plus simple et personnelle, il aurait pu regrouper quelques affirmations vraiment lumineuses qui sont actuellement disséminées dans ce 2e entretien. J’en évoque ici quelques-unes qui m’apparaissent fondamentales et dont la compréhension est nécessaire pour bien profiter de la suite de ce vaste ouvrage. D’entrée de jeu, M. Bouchard affirme ceci :
« L’Esprit qui a jadis inspiré les écrivains peut encore insuffler sa divine révélation en ceux qui scrutent aujourd’hui le texte biblique. »
Évidemment, pour accueillir une telle affirmation, il faut que notre philosophe, dont il fut question dans le premier entretien, ainsi que tout lecteur éventuel soit réellement ouvert à la dimension de la foi. Bien que, même d’un point de vue rationnel, on peut entrevoir qu’il existe un « esprit » commun à tous les hommes.
Lorsque nous plongeons dans l’univers de la foi chrétienne, cette affirmation est capitale. L’Esprit qui a inspiré les auteurs sacrés inspire également les lecteurs d’aujourd’hui. C’est le même Esprit. Et donc, en quelque sorte, le texte biblique s’efface presque devant le message divin communiqué directement à l’âme du lecteur.
Évidemment, une telle affirmation rend un peu caduque l’insistance que M. Bouchard accorde à vouloir extirper le sens du texte de la gaine des interprétations culturelles et linguistiques des auteurs sacrés. Il est obvie qu’une personne humaine peut très bien ouvrir la Bible à la première page, se mettre à lire, et être directement touché au cœur par les quelques mots qui s’offrent à elle, sans qu’elle ait le moindrement besoin de faire des études bibliques sur le contexte culturelle dans lequel ces textes ont été écrits.Une 2e affirmation lumineuse et toute simple est celle-ci :
« Et en regard de la Genèse, nous pouvons en induire que les deux récits de la création proviennent de traditions indépendantes l’une de l’autre. Ils ont été écrits dans des contextes sociaux et culturels différents qui ne communiquaient guère entre eux. Les deux versions de la création ont pu ensuite être colligées par un scribe avec les autres récits de la Genèse dans le but de rassembler en un livre divers documents significatifs portant sur les origines. »
Je ne sais pas qui a « induit » cela, mais en tout cas, il s’agit ici d’une petite information très intéressante. Elle rappelle d’abord que notre auteur veut prendre en compte les connaissances scientifiques modernes, non seulement dans les domaines de la physique ou de la biologie, mais aussi dans le domaine des études bibliques. Cette information toute simple dit beaucoup. Et elle ouvre un vaste champ de réflexion. Il sera fort intéressant, tout au long de l’ouvrage, de mettre en lumière les différences, les convergences et les complémentarités de ces deux textes bibliques, écrits à des époques différentes et dans des milieux culturels différents mais portés par une même foi et un même Esprit.Une 3e lumière est celle-ci :
« Mais il faut aussitôt ajouter pour le croyant qu’au-delà des cultures, des styles littéraires, des intentions conscientes ou non des auteurs et des milieux sociaux qui ont produit ces textes, Dieu a proclamé une Parole. Nous ne disons pas “les paroles” au pluriel mais la Parole au singulier. Ce n’est pas parce qu’ici et là on retrouve dans la Bible des paroles attribuées à Yahvé qu’on qualifie la Bible de Parole de Dieu. Non plus parce que certains passages sont particulièrement édifiants ou font état d’un code moral. Elle est Parole de Dieu globalement, dans son ensemble, en tant qu’entité, parce que le Seigneur, selon notre foi, s’y est manifesté et s’y manifeste encore aujourd’hui par son Esprit. Le langage de Dieu est transcendant. Sa Parole s’élabore au-delà des mots que les humains utilisent pour traduire leur pensée ou exprimer l’inspiration de l’Esprit. Lorsque Dieu parle à l’humanité, ses mots à lui s’étalent sur des siècles. Ils englobent des événements, font intervenir des peuples et mettent en scène le déroulement de l’Histoire. Ainsi, chaque livre, chaque passage de la Bible se rapportent à un tout dont l’ensemble forme la Parole divine.»
Cela est capital et représente une des principales clés de lecture de la Bible. La Bible s’explique par la Bible. Cela vaut autant pour le croyant que pour l’incroyant. De même qu’il est périlleux de fonder notre compréhension de la Parole de Dieu en isolant un verset biblique, de même il est mal venu de discréditer la Bible parce que tel ou tel verset semble illogique ou contradictoire.
Et ici, il faut encore ajouter une chose extrêmement importante. Dans le cadre de l’ouvrage que nous étudions, ce que nous appelons « Parole de Dieu » s’étend bien au-delà de la Bible elle-même. Elle englobe, entre autres éléments, toute l’œuvre de création. Voilà pourquoi il est si « à propos » de proposer une interprétation des récits bibliques de la création en tenant compte des connaissances scientifiques actuellement admises sur l’univers et son histoire. Bible et création s’éclairent mutuellement comme faisant partie de l’unique Parole divine.Pour ne pas trop étirer ce commentaire, je m’arrête brièvement sur la question des genres littéraire. Cet aspect est introduit par une question de Christian :
« – S’il est vrai que les récits de la création ne peuvent être considérés comme des documents historiques, à quel genre littéraire appartiennent-ils ? S’agirait-il de mythes, comme certains le prétendent ? »
La question des genres littéraires dans la Bible est une question intéressante. En même temps, c’est une question complexe. Non seulement parce qu’il y a plusieurs genres littéraires différentes dans la Bible. Mais aussi parce que tous ces genres littéraires doivent être compris à l’intérieur d’un « genre littéraire » qui les recouvrent tous : le genre « parole de Dieu ». En fait, nous pourrions dire que « La Bible » est, en elle-même un genre littéraire. En tout cas, la personne qui ouvre la Bible devrait se demander dans quel esprit elle le fait. Il est clair que je n’ouvre pas le journal comme j’ouvre une revue scientifique. Je n’ouvre pas un roman comme une biographie, ni un livre de cuisine comme une lettre de ma grand-mère.
Lorsqu’une personne discrédite les récits bibliques de la création en disant que cela va à l’encontre des découvertes scientifiques modernes, il faut se demander qu’est-ce qu’elle pensait trouver en lisant la Bible.
Même si mon ami Paul prend plusieurs longs paragraphes pour affirmer que les récits bibliques de la création ne sont pas des mythes, je crois, pour ma part, qu’ils peuvent, au contraire, prendre place dans cette catégorie. Et plus précisément encore, ils se présentent comme une cosmogonie, i.e. un récit de l’histoire du cosmos. Ici, je réfère tout simplement à mon article « Dialogue entre deux créatures mythiques » qu’on peut retrouver sur ce site Internet.Chapitre 3e : Un combat qui déroute.
Une fois posées les pierres d’une approche simple et personnelle et de quelques affirmations lumineuses, les longs détours que fait notre auteur pour discréditer ce qu’il appelle parfois une lecture « à la lettre », d’autres fois le « sens littéral », ou d’autres fois encore une approche « fondamentaliste », apparaissent superflues. À mon sens, ces détours sont longs, tortueux et, parfois même, prétentieux. Il semble que notre auteur a des comptes à régler, peut-être avec sa propre histoire. Ce serait à lui de le dire.
En tout cas, voici mon point de vue à ce sujet.
J’ai tellement entendu souvent des gens dire qu’il ne faut pas prendre le texte biblique « à la lettre ». Je me suis toujours un peu demandé ce que cela signifiait en fait. Pour ma part, je crois le contraire. Je crois qu’il faut toujours prendre le texte biblique « à la lettre », qu’il faut éviter de « lire entre les lignes ». La Bible est Parole de Dieu. Chaque mot est porteur d’une plénitude de signification que nous n’aurons jamais fini de découvrir. Affirmer qu’il ne faut pas prendre ça « à la lettre », c’est affirmer, finalement, que je vais choisir ce qui fait mon affaire. Et au lieu d’accomplir sa mission qui consiste à me convertir, la Bible ne servira qu’à justifier ma pensée. Au contraire, choisir de prendre la Bible « à la lettre », c’est approfondir une Parole qui me dépasse toujours.
Parmi les personnes qui lisent la Bible « à la lettre », M. Bouchard place ceux qu’on appelle « les fondamentalistes ». Pour ma part, je ne crois pas que les fondamentalistes lisent la Bible « à la lettre ». Je crois que, bien au contraire, ils lisent la Bible à partir d’une grille de lecture très stricte et très étroite. Et, comme le disait si justement M. Bouchard, ils ont tendance à isoler certains versets de l’ensemble de la Bible. S’ils prenaient le texte « à la lettre », ils seraient nécessairement conduits vers cet « amen » de gloire éternelle qui conclut le livre de l’Apocalypse et vers lequel tous les récits bibliques nous entraînent. À l’inverse, la lecture pré-interprétée des fondamentalistes semble les entraîner vers un abime tortueux et sans fond qui conduit à une tristesse infinie.
M. Bouchard semble aussi considérer comme synonyme la lecture au « sens littéral » et à la lecture « à la lettre ». L’expression « sens littéral » renvoie à la diversité de sens dans lequel nous pouvons lire les textes bibliques. Traditionnellement, nous reconnaissons, d’entrée de jeu, quatre sens : le sens littéral, le sens analogique (c’est de moi dont il est question), le sens christique (le texte parle du Christ) et le sens eschatologie (le texte ouvre sur la plénitude du déploiement de l’œuvre de Dieu). Ces 4 sens ne sont pas exhaustifs évidemment.
Les textes bibliques offrent une « plénitude de sens ». Et c’est pourquoi toutes les phrases où notre ami Paul semble chercher « le sens » du texte biblique, comme s’il y avait un seul sens, me dérange toujours. Ce qui nous ramène à notre premier chapitre. M. Bouchard propose de jeter un regard neuf sur les récits bibliques de la création afin d’élargir l’éventail de signification que ces récits peuvent nous apporter. Et pour cela, il mérite tout notre respect. -
Si nous ne parvenons pas à faire consensus sur la définition des mots, comment pourrons-nous progresser vers la Pensée Nouvelle ? Notre démarche en serait vite compromise et le GTPN ne ferait que rééditer la confusion de langage de la Tour de Babel !
Voici quelques définitions de termes visés particulièrement par le commentaire de Nicolas sur le présent chapitre :
Littéral, littéralité, littéralisme
Robert : Stricte conformité (d’une interprétation, d’une traduction) à la lettre, au texte.
Académie française : Attachement scrupuleux à la lettre d’un texte.
Larousse : 1. Caractère de ce qui est littéral ; conformité au mot à mot d’un texte. 2. Caractère de ce qui ne respecte pas l’esprit d’un texte en accordant trop d’importance à la lettre.
Internet : le littéralisme est une manière d’aborder un écrit conforme à la lettre, au mot à mot du texte, sans volonté d’interprétation.
Nouveau Testament : La lettre tue, l’Esprit vivifie.Fondamentalisme :
Wikipédia : Le fondamentalisme désigne une adhésion à des doctrines radicales et peu nuancées, généralement religieuses, mais aussi séculières ou même anti-religieuses. Le mot peut faire référence à toute idéologie, y compris politique.
Larousse : 1. Courant théologique, d’origine protestante, développé aux États-Unis pendant la Première Guerre mondiale, et qui admet seulement le sens littéral des Écritures. (Il s’oppose à toute interprétation historique et scientifique et s’en tient au fixisme.) 2. Tendance de certains adeptes d’une religion quelconque à revenir à ce qu’ils considèrent comme fondamental, originel.
Wiktionnaire : Doctrine suivie par certains théologiens protestants prônant le retour aux fondements de la foi religieuse en s’inspirant du sens littéral des Écritures.Cher Nicolas, ces définitions sont claires et précises. Pourtant, en regard de ton commentaire, cette clarté s’estompe et se dilue dans une brume d’incertitude. Difficile de savoir où tu te positionnes exactement lorsque tu te désoles d’entendre qu’il ne faut pas prendre tel passage de la Bible à la lettre. Ou encore, lorsque tu proposes une approche du sujet qui « aurait évité de devoir discréditer des interprétations différentes qui, dans un esprit de dialogue, contribuent, en fait, à enrichir la compréhension. »
Si je te saisis bien, tu vises le littéralisme et le fondamentalisme que je pourfends dans mon article et déplores que je prétende mettre en garde contre ces interprétations différentes. Tu suggères, texte à l’appui, ce que j’aurais dû écrire pour évoquer les effets bénéfiques, spirituels et humains, qui en ont découlé, tout au long des siècles. Tu estimes que ces interprètes de la Bible peuvent enrichir notre compréhension de l’Écriture Sainte qu’ils ont lue à partir de leur milieu culturel et de l’esprit de leur temps.
Cette “touchante” apologie tombe pourtant à côté de la coche. Car ce ne sont pas les lecteurs ordinaires et spontanés qui sont visés par ma critique. Ceux qui, depuis deux millénaires, lisent la Bible comme une Parole que Dieu adresse au coeur du croyant sont assurément dans le droit chemin.
Le problème survient lorsque cette Parole divine passe du coeur à la tête et de la vie spirituelle aux conceptions culturelles. Plusieurs options se présentent alors et des déviations deviennent possibles. Dès le départ et tout au cours de la vie de l’Église, des groupes se sont engagés dans de mauvais aiguillages qui ont abouti à la formation de sectes en marge, ou même en guerre contre l’Église fondée par Jésus-Christ.
Le fondamentalisme et le littéralisme contre lequel je m’insurge correspondent à cette description, comme les définitions de dictionnaires ci-haut l’indiquent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’une tendance traditionnelle dans l’histoire de l’Église mais de déviations modernes. Elles sont apparues dans la foulée des bouleversements d’ordre culturel faisant suite à la révolution scientifique. Elles sont nées du rejet des connaissances positives et ont pour conséquence le repli sur une conception archaïque de la réalité.
Pour moi, ces doctrines (non les adeptes) sont exclues de l’optique de dialogue que tu souhaiterais. Ce sont des pièges qui, bien loin d’enrichir la compréhension de l’Écriture, la réduisent à néant. La lettre tue (2 Co 3, 6) clame saint Paul. Il n’en fait pas une interprétation différente qui peut enrichir notre compréhension. Il la dénonce comme assassine du véritable sens : elle TUE ! Car en s’enfermant dans la prison stricte de la lettre, le littéraliste claque la porte de la croissance spirituelle.
Pour notre part, nous devons demeurer ouverts sur l’imprévisible, l’inattendu, la nouveauté. L’Esprit Saint a besoin de nous trouver généreusement disponibles pour nous propulser vers un devenir que le Père seul façonne à son image et à sa ressemblance. Cependant, pour être saisi par l’Esprit, il faut trouver son point zéro et s’y maintenir.
Faisons donc table rase des présupposés, des idées préconçues, des préjugés coriaces, des jugements prématurés… et même, des structures mentales profondément enracinés dans l’inconscient ! Purgeons notre espace mental des structures de la “pensée mondaine” pour faire place à la Pensée Nouvelle.C’est dans un tel esprit de petitesse et de joyeuse disponibilité que L’évolution d’Alpha à Oméga a été rédigé. Comme l’ouvrage a été rédigé, ainsi doit-il être reçu et étudié. En toute confiance, comme un enfant se laisse conduire par la main de son père sans trop savoir où il va. Est-ce trop exigeant ? Est-ce prétentieux ? C’est à l’esprit en chacun de nous de répondre à l’Esprit.
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Merci pour ce commentaire qui apporte des précisions importantes à la fois objectives (le quoi) et subjectives (le pourquoi). C’est ainsi que se construit le dialogue.
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Je venais tout juste d’avoir 6 ans, lorsque mon père est décédé subitement. J’ai alors été placée dans un pensionnat tenu par des religieuses catholiques. J’y suis restée 7 ans. C’est donc avec ces religieuses que j’ai eu mes premiers contacts avec la Bible. Elles avaient un grand respect pour la Parole de Dieu et elles me l’on communiqué. Jusqu’à l’adolescence, il ne me serait jamais venu à l’idée de questionner le bien-fondé d’un passage ou l’autre. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai commencé à remarquer des redites et quelques incohérences. Mais je ne me permettais toujours pas de scruter plus profondément ces accrocs. Je sautais par-dessus.
Ces premiers contacts avec la Bible ont été aussi mes premiers contacts avec Dieu. On m’a présenté un Créateur qui était très bon, qui m’aimait, qui punissait les méchants et récompensait les bons. J’ai adopté tout de suite ce personnage réconfortant et sécurisant, moi qui venait de perdre mon père. J’ai gardé à la base cette conception de Dieu et l’ai affinée bien sûr au cours de ma vie. La même chose pour ma lecture de la Parole de Dieu. Dans la lecture de l’Ancien Testament, par exemple, je faisais les ajustements que mes connaissances et ma foi me permettaient.
J’ai admiré la sagacité de Paul à faire ressortir poliment certaines contradictions dans les deux récits de la Genèse, tout en rappelant qu’il s’agit toujours de la Parole de Dieu, rapportée par des scribes différents et de culture différente mais qui réclame le même respect.
Je trouve que ce livre de Paul a effectué un travail extraordinaire de débroussaillage susceptible de soulever un intérêt nouveau pour une relecture plus mature de la Parole de Dieu. Bravo, cher Paul !
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