< article_précédent _____________________________________article_suivant >
L’archétype — tel que je l’entends mais pas nécessairement selon les canons de la psychologie — se situe à la fine pointe d’une trajectoire donnée. Il représente l’altitude ultime que l’humanité peut atteindre dans la poursuite d’une valeur particulière. Dans le monde antique, les dieux sont des archétypes que les mythes mettent en valeur. Jupiter est l’archétype de la puissance, Apollon et Vénus de la beauté, Diane est la chasseresse par excellence, Mars est le modèle du guerrier, etc.
Ce qu’il y a de particulier dans la tradition judéo-chrétienne par comparaison à la culture issue du paganisme, c’est que les archétypes sont incarnés. Contrairement aux religions païennes où ils sont figés dans un empyrée transcendant et inaccessible, les prototypes bibliques sont des personnages réels qui ont vécu une vraie vie terrestre. L’incarnation archétypale est même un paramètre décisif du christianisme. Elle est une “nouveauté” pour la culture gréco-romaine, une révélation inconditionnelle qui est au cœur même de l’Évangile.
Pour communiquer la Bonne nouvelle, les évangélistes ont osé faire des rapprochements entre le personnage historique de Jésus et les mythes que leurs contemporains connaissaient bien. C’est pourquoi les évangiles contiennent en filigrane des allusions à la mythologie égyptienne. Les récits de la mort et de la résurrection de Jésus, sa naissance, sa mère virginale peuvent apparaître plus ou moins calqués sur des personnages mythiques, les dieux Osiris, Isis et Horus. Le but poursuivi par les évangélistes était de démontrer l’accomplissement dans la vraie vie de la part de vérité que cette mythologie contient. Ce faisant, ils n’accommodaient pas l’histoire aux mythes, comme on a pu l’affirmer. Car ils auraient ainsi illustré le contraire de la vérité centrale qu’ils voulaient communiquer puisque leurs intentions étaient de prouver que le mythe s’était véritable-ment incarné.
C’est dans ce même sens que de nombreux personnages bibliques peuvent être considérés archétypaux. Leur caractère archétypal ne démontre pas qu’ils ont été inventés par l’imaginaire mythique mais, bien au contraire, qu’ils ont vécu à une altitude transcendante que le mythe révèle plus ou moins.
Voilà pourquoi l’Église tient tant à l’historicité. Il lui importe, en toute cohérence avec la révélation chrétienne, que le mythe renvoie à des personnages en chair et en os qui ont réellement vécu une vie humaine.
Abraham, par exemple, est présenté dans la Bible comme le « père de tous les croyants ». Même s’il est le patriarche des Hébreux « selon la chair », sa paternité dépasse considérablement son héritage génétique — auquel il accordait pourtant la plus grande importance — et la transmission, de génération en génération, de la marque rituelle de la circoncision. Comme le précise saint Paul (cf. Ro 4), c’est en raison de sa foi qu’il est « père d’une multitude de peuples » (Gn 17, 4). Père, non parce qu’il aurait été le premier à être animé par une foi qu’il aurait léguée comme du matériel génétique ou comme un élément de culture à une descendance mais dans le sens qu’il représente la foi vécue jusqu’au bout, jusqu’à l’héroïsme.
De manière comparable, nos premiers parents pourraient être dits tels non pas surtout parce qu’ils auraient été les géniteurs de toute l’humanité mais pour avoir légué un héritage spirituel qui entre inévitablement dans la formation de tous les êtres humains et initialise ainsi le contexte mondain dans lequel tout être humain est comme jeté à sa naissance.
D’autre part, si Abraham peut servir de modèle d’une foi à toute épreuve, ce n’est pas non plus parce qu’il aurait été l’initiateur de la foi en Dieu. La foi était déjà existante, mais à des degrés divers et sous diverses formes, dans l’humanité avant lui. La Bible le confirme maintes fois.
Quelques exemples : Ève, après avoir mis au monde son premier fils, s’exclame : « J’ai acquis un homme de par Yahvé » (Gn 4, 1) ; le fils de Seth, Énosh, est décrit quelques versets plus loin comme étant « le premier à invoquer le nom de Yahvé » (Gn 4, 26) ; quant à Hénok, un descendant d’Adam de la septième génération, il « marcha avec Dieu, puis il disparut, car Dieu l’enleva » (Gn 5, 24) ; Noé et sa famille sont sauvés du déluge par la foi en la Parole de Dieu et c’est par un « prêtre du Dieu Très Haut » (Gn 14, 18), Melchisédech, qu’Abraham est instruit et béni.
En Abraham, cependant, la foi est portée à sa perfection. Avant comme après lui, elle ne pourra pas atteindre, dans l’Ancien Testament, une plus haute altitude. C’est ainsi qu’il constitue l’archétype de la foi et incarne l’expression figurative de réalités qui étaient encore à venir en son temps.
— Si sa foi a pu servir de modèle aux générations après lui, comment aurait-elle pu influencer les générations antérieures ?
— Le modèle existait en puissance même s’il n’existait pas encore en fait (voir l’illustration graphique ci-dessous). Or, ce qui est possible anticipe sur l’existence, n’est-ce pas ? Dans la structure de la réalité, le moule préexiste à la statue même si aucune matière n’y a encore été coulée. Les croyants des générations antérieures percevaient ce modèle de foi — possiblement sous une forme mythique — comme un idéal à atteindre, même si les circonstances ou d’autres facteurs faisaient qu’ils ne pouvaient pas encore s’y conformer parfaitement.

Il ne faut pas perdre de vue que nos spéculations s’adressent à une dimension spirituelle qui transcende l’espace et le temps. Cette dimension, c’est dans le PRÉSENT et dans le PRÉSENT seulement qu’elle est rejointe. Et c’est par le PRÉSENT de chaque être humain en particulier, quelle que soit l’époque vécue, que l’archétype devient effectif. Ainsi, le PRÉSENT de chacun rejoint et communie au PRÉSENT de l’humanité, en expansion dans l’intériorité depuis l’aube jusqu’au crépuscule des temps.
Nous pourrons mieux le saisir en considérant un autre archétype de la spiritualité : le Christ Jésus a été à la fois un personnage historique et l’archétype d’une humanité nouvelle. En accomplissant la rédemption, il a rendu possible le salut de tous les humains. Serait-ce à dire que ce salut n’a été accessible que depuis son passage historique sur la Terre ? Pas du tout ! La rédemption s’étale sur tous les temps, avant comme après la crucifixion et la résurrection. C’est une vérité de foi de croire que tous les hommes sans exception ont pu, peuvent et pourront être sauvés par le Christ rédempteur. Qu’ils le sachent ou non — et peu importe l’époque de leur vie, leur religion et leur culture — le sacrifice du Sauveur a précisément opéré la guérison de la tare originelle.
Cet acte, que l’on a pu décrire comme une “expiation” pour les péchés mais que je préfère évoquer sous l’angle d’un déplafonnement de la condition humaine, a donc un effet intemporel. De la même manière, la chute a pu avoir un effet qui ne se laisse pas enfermer dans un temps précis mais se répercute dans tous les temps. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre saint Paul lorsqu’il met en parallèle Adam et le Christ. « De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ » (1 Co 15, 22 ; cf. Ro 5, 12.21). Bien plus, l’Apôtre introduit la notion de niveaux entre les deux archétypes. Le premier est en quelque sorte un passage obligatoire, une étape incontournable vers le deuxième.
S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel… Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante, le dernier Adam, esprit vivifiant. Mais ce n’est pas le spirituel qui paraît d’abord ; c’est le psychique, puis le spirituel. Le premier issu du sol est terrestre, le second, lui, vient du ciel… Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste (1 Co 15, 43-50).
Clairement, l’Apôtre perçoit une structure qui se met en place progressivement. D’abord l’âme, ensuite l’esprit. D’abord le terrestre, puis le céleste. Traduisons ce progressisme de l’Apôtre dans le langage que nous développons ici et que j’ai illustré par le graphique de la montée ascendante de la substance vivante. L’homme psychique et terrestre, Adam, évolue au troisième niveau de la Maison de la vie dans le monde de la conscience rationnelle, tandis que l’homme céleste, le Christ, opère sa croissance au quatrième, dans la sphère de l’Esprit universel.
— De ce point de vue, ne pourrait-on pas considérer la chute originelle comme un fait positif, comme une étape inévitable, nécessaire même, du processus de création ?
— Votre question me rappelle l’exclamation étonnante de la célébration pascale : « Ô heureuse faute qui nous a valu un tel rédempteur ». Mais cette faute, on se doit pourtant le souligner, est dite heureuse en raison de l’amour qu’elle suscite pour le Rédempteur du genre humain. Rien dans la structure de la création ne l’imposait.
Ce qui le montre, c’est le fait que la courbe ascendante ne peut pas rendre compte d’une quelconque interférence négative à l’abordage du troisième palier de la Maison de la vie. Il n’y a pas de rupture mais continuité d’un palier à l’autre sur tout le parcours de la substance vivante. D’autre part, dans le premier récit de la création, il n’est nullement fait mention de quelque faute que ce soit. L’Acte créateur est présenté d’une manière extrêmement positive et le couple humain y est décrit à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Ces indications doivent prémunir contre la croyance que la faute originelle aura été une incontournable condition du passage au monde de la conscience réfléchi. Si tel avait été le cas, l’exercice de la rationalité aurait été entaché de culpabilité. Mais ce n’est pas la raison qui est mauvaise. Bien au contraire, le sentiment de culpabilité découlant de la faute est ce qui entrave le plus le plein exercice de cette faculté. La rationalité est essentiellement bonne et positive. La Genèse précise d’ailleurs que le premier couple, dans l’état d’innocence, a eu d’abord accès à la rationalité et à la liberté (cf. Gn 2, 18-25) avant la chute.
Cela dit, il n’empêche que le texte cité de saint Paul fait ressortir le côté positif du caractère archétypal du couple Adam et Ève. Plutôt que de les voir exclusivement comme des fauteurs qui ont entraîné l’humanité dans la misère, on peut les considérer comme des êtres audacieux qui ont accompli un bond prodigieux depuis la perception du monde sensible jusqu’à la conscience rationnelle. Si on imagine le déroulement de leurs vies dans le contexte de la primitivité paléoanthropologique dont témoignent les fossiles, on peut alors les voir comme de grands prophètes. Ils ont franchi audacieusement le seuil donnant accès à l’humanité et enseigné à leurs descendants l’exigeant chemin de la rigueur rationnelle… et même, peut-être, à leurs contemporains en devenir d’humanité comme l’enfant en passe de parvenir à l’âge de raison.
— C’est en dépassant les limites de la perception sensorielle pour engager leur conscience dans les voies abstraites qu’Adam et Ève seraient les archétypes de l’humanité. Une conclusion paradoxale si l’on tient compte du récit biblique de la chute et des conséquences négatives qui en ont découlé.
— Amie très chère, l’influence que ces archétypes ont eue sur toute l’humanité ne se limite pas à l’accession à la rationalité. Elle touche aussi à la manière de l’exercer. Ce n’est pas la raison en elle-même qui est en cause dans la chute mais l’agir qui s’ensuit. La spécificité humaine ne se définit pas que par la raison. Elle implique aussi l’action conséquente. L’être humain dispose d’une intelligence pour réfléchir et d’une volonté pour agir. La réflexion précède et prépare l’acte.
Il existe donc un certain décalage entre la faculté rationnelle et sa mise en œuvre. Un espace au cours duquel la conscience s’engage dans un débat intérieur pour s’autodéterminer. De cette délibération naît la liberté. Le constat JE SUIS génère éventuellement la prise de conscience : JE SUIS LIBRE. Vais-je poser tel acte ou m’abstenir ? Quel objet, parmi ceux qui s’offrent, vais-je choisir ?
J’attribue des termes spécifiques pour qualifier la liberté selon qu’elle s’exerce en rapport à la condition subjective de la personne ou en lien avec le monde objectif. La conscience rationnelle concernée par la dimension intérieure accède à une LIBERTÉ ABSOLUE, tandis que celle confrontée à des choix parmi un nombre de possibilités dans le monde extérieur jouit d’une LIBERTÉ RELATIVE.
La liberté absolue, c’est le choix radical entre le “oui” et le “non”. En définitive, entre l’acceptation ou le refus du RÉEL dans sa dimension vitale. Dans notre optique, elle peut se définir comme une capacité de poser des actes cohérents ou contraires à la logique ascendante de la substance vivante, principe dynamique de l’être intérieur. Elle concerne donc la dimension morale.
Tandis que la liberté relative est le principe auto déterminateur qui permet de faire des choix particuliers dans le monde objectif. Par exemple, la décision d’étudier en musique, parmi toutes les orientations possibles d’une vie, relève d’une liberté relative.
Cette distinction entre les deux modes de la liberté est importante pour la compréhension de notre propos. Car c’est précisément durant le laps de temps de la délibération que se joue le drame des origines dont les répercussions s’étendent inévitablement à l’inconscient de tous les individus du genre humain.
L’auteur de la Genèse illustre ce débat sous la forme d’un dialogue entre Ève et le serpent. Le tentateur y amorce astucieusement l’échange par une contrevérité. « Alors, Dieu a dit : “Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin” ? » (Gn 3, 1). Il sème ainsi le doute en faisant apparaître déraisonnable, et même odieux, le commandement divin. Car l’affirmation que « tous les arbres » pourraient être frappés d’interdit implique une remise en cause beaucoup plus fondamentale que s’il s’agissait d’une seule espèce parmi d’autres. Pas tant en raison d’une quantité d’arbres plus importante qu’à cause du caractère général de l’interdiction. C’est la réalité objective tout entière qui est visée sous la forme symbolique de tous les arbres, pourvoyeurs de nourriture. Le tentateur insinue que Dieu aurait non seulement voulu priver l’humanité de moyens de subsistance (cf. Gn 1, 29) mais qu’il aurait, en définitive, interdit toute exploitation des réalités accessibles aux sens.
Dans un premier temps, Ève évite de tomber dans le piège tendu par « le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits » (Gn 3, 1) et s’empresse de rectifier.
Nous pouvons manger du fruit de tous les arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort » (v. 3).
De subtil qu’il était au début de la conversation, le tentateur se fait subitement catégorique.
« Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. » La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea (v. 6).
L’argument cette fois est décisif. D’emblée, l’on peut se rendre compte que la liberté relative est ici sollicitée au détriment de la liberté absolue. La femme est obnubilée par les sens. Elle est séduite par la beauté et l’attrait d’un objet extérieur particulier. Le problème, c’est que le fruit de l’arbre lui est interdit. Si bien qu’elle est amenée à s’abstraire d’elle-même, de son fondement intérieur, pour se l’approprier. Car l’interdiction de manger du fruit de l’arbre se manifeste à sa conscience depuis la Source de la vie qui l’anime et où s’enracine sa conscience d’être. Elle ne peut donc pas saisir l’objet sans réduire sa conscience au silence, s’arrachant ainsi de son propre terreau vital.
— Mais, encore une fois, pourquoi cet interdit ? Quel en est le sens ?
— Ce n’est pas un commandement arbitraire et gratuit de la part de Dieu. Selon une certaine prédication superficielle, l’interdit visait à mettre l’obéissance du premier couple à l’épreuve. Je soutiens plutôt que c’est pour lui permettre de discerner la juste condition d’exercice des deux volets de la liberté. L’impératif constitue en lui-même un guide pour l’usage cohérent de la liberté. Le mode d’emploi implique que la liberté relative doive toujours être subordonnée à la liberté absolue. Car la première ne peut s’exercer au détriment de la deuxième sans causer une déchirure par rapport au dynamisme vital qui jaillit dans l’intériorité pour animer le niveau spécifiquement humain de la rationalité. C’est pourquoi l’infraction à l’ordre divin de ne pas manger, ni même de toucher à l’arbre (Gn 3, 3), est « passible de mort » (Gn 2, 17).
Il ne peut s’agir ici de la mort physique, comme nous l’avons déjà dit. Car si tel avait été le sens du tabou, l’auteur du récit aurait fait de Dieu un menteur puisque la mort physique n’est pas survenue après la consommation de la faute. De toute évidence, la mort dont il est question est d’ordre spirituel. Elle désigne la perte structurale de la profondeur intérieure du dynamisme vital. En bout de ligne, elle implique la rupture avec Dieu puisqu’il est l’unique Source de vie, l’ultime Réalité sous-jacente à la substance vivante.
— Resterait à savoir de quelle nature est le « discernement » qu’Ève estime « désirable » ? S’agirait-il d’un degré accru d’intelligence ? Aurait-elle anticipé sur une évolution éventuelle ?
— Nous savons que la faculté rationnelle est fondée sur la conscience d’être. C’est la conscience du JE SUIS qui conditionne la capacité d’élaborer des raisonnements. Dans l’Éden, Ève est tout à fait consciente d’être. Elle est très rationnelle, comme d’ailleurs les raisonnements qui lui sont attribués le démontrent.
La clef qui permet de comprendre ce qui la sollicite, c’est le verbe “ac-quérir” qu’elle utilise. Ève se détourne d’elle-même, de son enracinement dans l’être intérieur, pour s’investir dans le monde objectif. Elle y découvre une réalité séduisante et désirable qui la décentre de la conscience de la vie en vue d’un pouvoir présumé sur la matière. Pouvoir qu’elle détient déjà en principe mais qu’elle voudrait sans restriction ni réserve. Elle opère ainsi un renversement de l’ordre originel. Au lieu de faire confiance à la croissance intérieure de la vie vers l’inconnu du devenir, elle fait volte-face et inscrit sa conscience à rebours de la montée ascendante puisque les sens ne donnent accès qu’au passé de l’évolution. En permettant aux sens de conditionner son acte, elle se dégrade de son niveau rationnel. Elle effectue un retour sur le passé de l’évolution et glisse sur une pente de facilité vers le deuxième niveau.
Auparavant, elle percevait la réalité dans l’unité de l’ÊTRE. Elle n’expérimentait aucune séparation, aucune exclusion entre son être et la « glaise » dont elle était issue. Au contraire, il lui apparaissait que les éléments qui forment l’univers contribuaient tous ensemble à la soulever au sommet de l’ÊTRE. De là, elle était appelée à assumer le PRÉSENT d’une vie orientée vers le devenir encore indéfini de la substance vivante.
Ève vibrait comme un petit enfant qu’un père ou une mère élève au bout de ses bras pour contempler amoureusement sa progéniture, s’extasier de son sourire et jouir de sa joie. Dans son état d’innocence, elle n’expérimentait que le bien. Celui d’ÊTRE AU MONDE. Elle n’avait pas la connaissance du mal parce qu’elle était parfaitement solidaire du monde visible extérieur et du monde invisible intérieur. Elle était fille de la Terre.
Mais ici, Ève découvre l’objet. Trompée par le séducteur, elle effectue une sortie d’elle-même pour se porter au-devant des réalités sur lesquelles s’ouvrent ses sens. Elle commence alors à percevoir une réalité extérieure fragmentée en objets séparés les uns des autres. Elle se laisse convaincre qu’elle peut tirer avantage de sa découverte. Ainsi naît le désir d’“acquérir”, de s’approprier. Ève ne se contente plus d’ÊTRE, elle veut AVOIR. Elle en vient à vouloir posséder pour combler le vide qui ne tarde pas à se creuser en son intérieur.
< article_précédent _____________________________________article_suivant >





Heureusement, il y a une suite à cet entretien qui laisse en suspens la question du “quand” et du “comment”…
"L’amour est essentiel. Il n’existe pas de réel sans la vie et il n’existe pas de vie sans amour." Je…
On assiste ici à un changement de ton quelque peu déstabilisant. Avec Albert, le discours se voulait rationnel, réservé, retenu.…
Cher Nicolas, notre dernier VTPN s’est terminé un peu abruptement et m’a laissé sur ma faim. Serait-ce parce que notre…
Tu me juges « absolument hérétique ». Ton verdict arrive un peu vite, il me semble. Tu te positionnes à…
D’entrée de jeu, je mentionne deux aspects du discours de Paul qui continuent de me fatiguer. 1. Il poursuit sur…
Le tableau de « la structure de la connaissance » à la page 240 est super intéressant. Il présente une…
La spiritualisation de la substance vivante (ou angélisation) résoud positivement deux hypothèses aux antipodes concernant l’origine de l’univers : la…
Entretien complexe et audacieux. Pour en écrire un commentaire pertinent, il faudrait que je m’y plonge beaucoup plus longuement et…
Les postulats fondateurs de la philosophie quantique, soutenus au début de cette démarche, commencent à donner du fruit. On avance…