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Créationnisme vs évolutionnisme

Le choc culturel de la cosmologie copernicienne amenait le magistère de l’Église à une condamnation des scientifiques au prétexte d’incompatibilité entre leurs découvertes astronomiques et la révélation biblique. Ce déplorable épisode historique peut être considéré comme une manifestation avant terme du créationnisme chez les catholiques.

Parallèlement s’est développé dans certaines communautés de la Réforme protestante un fondamentalisme intransigeant basé sur l’interprétation littéraliste de la Bible. Selon cette conception, les écrits bibliques sont infaillibles dans les moindres détails et contiennent toutes les informations utiles à l’humanité, même en ce qui concerne les lois de la nature. Un exemple de pseudo connaissance positive prétendument justifiée par l’Écriture Sainte : un théologien anglican du 17e siècle, l’archevêque James Usher, a fait le calcul de l’âge de l’univers sur la base des récits bibliques ; il aurait trouvé que le premier jour de la création de l’univers avait eu lieu à l’aube du 23 octobre de l’an 4004 avant l’ère chrétienne. Inutile de commenter un tel abus de la Parole qui, pour paraphraser Jean-Paul II, prétend faire dire par Dieu ce qu’il n’avait pas l’intention de nous dire.

À la fin du 19e siècle, la table était mise pour exacerber — moins dans l’Église catholique devenue prudente sur ce terrain que chez les sectes chrétiennes — le rejet du concept d’évolution faisant suite à la publication de l’ouvrage de Charles Darwin (1809-1882) sur L’origine des espèces. D’abord reçue avec scepticisme et dérision, l’hypothèse de l’évolution s’est graduellement acquis de la crédibilité chez les scientifiques et a fini par s’imposer dans pratiquement tous les milieux des sociétés occidentales.

Ici, on se doit de souligner que des adeptes de l’athéisme militant n’ont pas manqué de s’emparer de la théorie pour prétendre tout expliquer de la vie et de l’univers sans recourir à un Créateur. Cette option philosophique n’avait pourtant pas l’aval de Darwin. Bien qu’agnostique, il ne voyait aucun conflit entre le fait de reconnaître l’évolution et la foi en Dieu. « Jamais je n’ai nié l’existence de Dieu. Je crois la théorie de l’évolution parfaitement conciliable avec la foi en Dieu. Il est impossible de concevoir et de prouver que le splendide et infiniment merveilleux univers, de même que l’homme, soient le résultat du hasard ; et cette impossibilité me semble la meilleure preuve de l’existence de Dieu. »

Dans la foulée de l’association abusive entre l’évolution et l’athéisme, toutefois, l’on peut comprendre qu’une fin de non-recevoir se soit manifestée dans certains milieux religieux fervents. C’est dans ce contexte que le mot “créationnisme” est apparu dans le grand public.

Ce terme désigne des mouvements anti évolutionnistes provenant surtout des Églises évangéliques du sud des États-Unis. Leur militantisme se répercute, entre autres, jusque dans les Cours de justice américaines où des créationnistes tentent de faire interdire l’enseignement de l’évolution dans les écoles ou, à tout le moins, voudraient que soit enseignée, en parallèle à l’énoncé scientifique de l’évolution, la création de l’univers selon la lettre de la Genèse.

En dépit de nouvelles évidences provenant de plusieurs disciplines scientifiques comme la génétique, la paléontologie, etc., les fidèles de ces communautés, en toute cohérence avec leur culture fondamentaliste, combattent la notion universellement admise de l’évolution parce qu’ils y voient une remise en cause de leur foi et de leur conception du monde.

Le créationnisme est encore bien vivant et actif dans le “Bible Belt”, les États américains du Sud. Une organisation anti évolutionniste ouvrait en 2007 le Musée de la création à Petersburg, Kentucky, dont la construction à coûté 27 millions $. Dans le prolongement de ce musée, un parc d’attraction, L’Arche de Noé, était inauguré en 2016 au coût de 90 millions $. En 2019, plus de 2 millions de visiteurs avaient pu visionner dans ce complexe créationniste les origines de l’univers et de l’humanité conformément à une lecture littérale des récits de la Genèse.

Actuellement, le terme “créationnisme” n’est pas utilisé uniquement pour identifier la position radicale des Églises évangéliques. Le mouvement s’est subdivisé en branches qui militent à partir de divers argumentaires.

Il y a les tenants de la “jeune terre” qui s’en tiennent à une chronologie terrestre de 6000 ans et, conséquemment, une interprétation apocalyptique de l’actualité ainsi que le rejet radical de toute donnée scientifique. À l’opposé, les tenants de la “vieille terre” acceptent la chronologie géologique. Leur contestation, de ce fait, s’effectue sur le terrain de la théorie elle-même. C’est le cas, notamment pour un mouvement créationniste “made in France” relié à la foi musulmane. Le point de vue que ces adeptes défendent au nom de l’islam est dit “fixiste” en opposition au transformisme. C’est-à-dire qu’on soutient qu’Allah a créé à l’origine toutes les espèces sans changement telles qu’elles sont aujourd’hui.

D’autres contestataires critiquent l’interprétation des faits observables par le néodarwinisme sans pourtant remettre en cause l’âge géologique de la terre ou même, l’évolution elle-même. Ces critiques, des plus radicales au plus nuancées, ont en commun d’identifier, dans le développement des réalités biologiques, l’intervention d’un Dieu Créateur.

Pour les tenants du néodarwinisme — qui sont généralement anti théistes —, ce critère suffit pour accoler l’étiquette de “créationniste” à tout ce qui prétend remettre en cause leur interprétation matérialiste du donné de l’évolution.

Un créationnisme comme les autres ! C’est ainsi que les néodarwiniens anti théistes qualifient l’Intelligent Design (Dessein Intelligent), une théorie mise de l’avant par des scientifiques de haut niveau. Ces derniers ont eu l’audace de soutenir que « certaines observations de l’Univers et du monde du vivant sont mieux expliquées par une cause “intelligente” que par des processus non dirigés tels que la sélection naturelle » ou les mutations aléatoires. Cela suffit, aux yeux d’une propagande athée occupant jalousement toutes les tribunes de vulgarisation scientifique, pour disqualifier l’ID comme de la pseudo-science visant à remettre le Créateur sur le tapis des Cours de justice dans l’affaire de l’enseignement scolaire.

Mais voilà une autre histoire. Pour en désemberlificoter les tenants et aboutissants, je réfère à 2 articles successifs écrits en 2006, intitulés “La petite guerre entre foi et sciences …autour de l’Intelligent Design” https://www.ac3m.org/?p=1246 et https://www.ac3m.org/?p=1248

Le chanoine Nicolas Copernic (1473-1543), astronome, médecin et mathématicien polonais a révolutionné la conception géocentrique de l’univers en publiant le jour même de sa mort, De revolutionibus orbium coelestium, décrivant le système solaire.
Portrait du jeune Charles Darwin (1809-1882), naturaliste et paléontologue. Ses travaux sur l’évolution des espèces par le processus de la sélection naturelle ont révolutionné la la conception traditionnelle de la réalité biologique.