Catégories
Commentaires récents
  1. COMMENTAIRE 1 « Albert : Instinct, rationalité, moi humain… Ce sont là des termes que vous utilisez sans suffisamment justifier…

  2. J’ai écrit quelque part que l’être humain est animal à l’extérieur et végétal à l’intérieur. Cet aphorisme aurait pu trouver…

Recherche
3- Hommage à Paul Bouchard

J’aimerais prendre ici quelques lignes pour rendre hommage à une personne très importante sans laquelle ce site Web n’aurait pas pu exister. Il s’agit de mon ami Paul Bouchard. Paul a joué un rôle très important pour me remettre sur les rails d’un DIALOGUE qui allait unir de manière constructive les théoriques scientifiques de l’évolution et les récits bibliques de la Création.  Je vous refais d’abord brièvement mon parcours.

Au cours de mes études secondaires, au début des années ‘80, j’ai été instruit des théoriques scientifiques de l’évolution. Je me rappelle très clairement que cela avait suscité plusieurs questions, assez simplistes, que j’étais trop timide pour poser. Par exemple, je trouvais quand même assez étonnant que, au moment même où les étendus d’eau s’asséchaient, par hasard, des poumons se formaient dans les êtres aquatiques, ce qui allait leur permettre de vivre hors de l’eau. (C’est ainsi que la théorie était enseignée !)  Mais la théorie présentée demeurait, pour moi, un fait scientifique et il ne me venait même pas à l’esprit de pouvoir la remettre en question.

À la fin des année ’90, j’ai lu un certain nombre d’articles qui remettaient en question, de manière assez radicale, les théories évolutionnistes. Cela m’a rappelé les questions que je n’avais jamais posées. Je me suis donc remis à l’étude. D’un côté, j’ai lu certaines critiques, dont le livre assez percutant de Richard Milton : « Shattering de Myths of Darwinism ». D’un autre côté, j’ai essayé de mieux comprendre les théories en m’abonnant à la revue « Science et vie », en revisitant le vieux classique de vulgarisation de Hubert Reeves : « Poussière d’étoile » et par diverses autres recherches.

Cela m’a conduit à une certaine révolte intérieure. J’avais l’impression d’avoir été trompé car ce qui était présenté comme théorie scientifique ne respectait pas du tout, selon moi, les critères pour recevoir ce titre.  Il faut dire que j’avais été formé à l’école scientifique et j’étais très exigeant sur ce point. Pour moi, à cette époque, il y avait une seule manière de parvenir à définir une théorie scientifique, c’était le processus bien connu en cinq points : 1. Observation, 2. Question, 3. Hypothèse, 4. Expérimentation, 5. Si l’expérimentation s’avère concluante, théorie, sinon, nouvelle hypothèse.  Il est clair que ni la théorie du Big bang, ni la Théorie Synthétique de l’Évolution ne respectait ce cheminement.  De plus, je trouvais abominable que soient reconnues comme théorie, des hypothèses invérifiables et qui allaient à l’encontre de l’observation quotidienne la plus courante.

J’avais donc écrit un long commentaire, qui se voulait respectueux, mais dans lequel on pouvait tout de même sentir mon sentiment défavorable et, surtout, cette impression d’avoir été trompé. Il s’intitulait : « Pour un regard neuf sur la création ».

Ensuite, tout cela est resté sur les tablettes pendant de longues années. Jusqu’à ce jour mémorable où mon ami Paul Bouchard vient me voir. Il avait en main le manuscrit du dernier livre qu’il s’apprêtait à publier : « La création, mythe ou réalité ? La Genèse décryptée ». Il me demandait si j’acceptais de lire ce livre afin de vérifier s’il n’y avait rien qui allait à l’encontre de l’enseignement de l’Église. Je me suis donc immédiatement plongé dans cette lecture. Car il faut y plonger. M. Bouchard utilise un vocabulaire qui lui est très personnel. Les phrases sont denses. La trame de fond est originale, très originale. Il nous conduit sur des chemins inédits. En revanche, le livre est partagé en petits chapitres très précis, ce qui en facilite l’assimilation progressive.


Le volume La création, mythe ou réalité est comlémentaire par rapport au principal ouvrage de Paul Bouchard: L’évolution d’Alpha à Oméga.


Ce fut pour moi un chemin de « CONTEMPLATION TRANSFORMANTE ».  Des lumières nouvelles, des chemins nouveaux et le retour à un DIALOGUE possible entre les récits bibliques de la création et les théories scientifiques de l’évolution.  Je partage ici quelques « illuminations » que je dois à mon ami Paul.  Évidemment, ce que je partage ici est la lecture personnelle que je fais de son texte. Peut-être que lui-même ne se reconnaîtrait pas dans ce que je vais écrire. C’est cela, la joie de l’écriture, et l’ouverture au DIALOGUE.

Un fait culturel

La première illumination et la plus fondamentale concerne la manière d’aborder les théories scientifiques de l’évolution. En fait, il ne s’agit pas ici de s’acharner à savoir ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est prouvé ou ce qui ne l’est pas encore. Les théories de l’évolution doivent plutôt être accueillies comme un « fait culturel ». 

Aujourd’hui, la majorité des scientifiques et la population en général dans notre monde occidental considèrent comme un « fait scientifique » ce qu’on appelle les théories de l’évolution.  Partant de là, il est possible de dialoguer à divers niveaux. Et le niveau qui m’intéresse, finalement, c’est celui de découvrir qu’est-ce que ces théories disent à notre humanité en quête de sens, et qu’est-ce que notre humanité se dit à elle-même à travers ces théories. Que les atomes d’hydrogène soient apparus il y a 13 milliards d’années dans une déflagration inimaginable, ou bien qu’ils aient été créés dans un passé plus récent, qu’est-ce que cela me dit à moi aujourd’hui ? Comment cela concerne-t-il ma vie présente et le devenir de l’Humanité ?

Et, au fond, ce même travail de réflexion peut et doit être fait par rapport aux récits bibliques de la création. Il est inutile de se battre pour savoir si ces récits sont « vrais » ou « faux ». Mais, au-delà de ces questions, qui peuvent être importantes jusqu’à un certain point, qu’est-ce que ces récits nous disent ? Comment se fait-il qu’ils aient traversé les siècles ? Y a-t-il moyen de les relire – c’est l’œuvre de mon ami Paul Bouchard – en tenant compte des « connaissances scientifiques » d’aujourd’hui ?

Et c’est ainsi que Paul m’a remis sur les rails d’un possible DIALOGUE. Et le véritable combat ne consiste pas à lutter contre les personnes qui ne pensent pas comme moi, mais il consiste à lutter pour rendre possible un DIALOGUE avec les personnes qui ne pensent pas comme moi. Quel défi ! Et c’est à travers ce défi que nous pourrons ensemble construire le devenir de l’humanité, ce que M. Bouchard précise dans un autre ouvrage : « La civilisation de l’amour ou le règne de Dieu sur la terre ».


Tous les ouvrages de Paul Bouchard sont disponibles gratuitement au format PDF. Pour les obtenir ou pour commander les livres au format papier, cliquer sur le menu Boutique, puis Livres de Paul.


De son langage tout à fait original, j’aimerais signaler encore ici trois choses que je retiens de lui et sur lesquelles je ne cesse de méditer.

Genèse 1, 2

Tout d’abord, il a été la première personne a attiré mon attention sur le 2e verset du livre biblique de la Genèse. Le tout premier verset est bien connu et dit ceci : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ».  Et voici la suite : « La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l’abime ».  Il faut prêter attention à ce verset. Si on le relit attentivement, on comprend ceci : la terre était sans forme ni contenu; l’absence de lumière couvrait l’absence de matière.  Pour décrire le néant, ce n’est pas si mal !  Pour ma part, j’en tire une conclusion qui me bouleverse encore.  Nous avons l’habitude de dire que Dieu a créé à partir de rien, « ex nihilo ».  Mais en fait, il serait plus juste de dire que, lorsque Dieu commence l’œuvre de création, il crée en premier le néant ! Et oui ! Car avant que « débute » la création, il n’y avait pas de néant. Il n’y avait que la plénitude de l’être en Dieu. Selon moi, en Dieu, il n’y a pas de néant. Avant que débute l’œuvre de la création, il n’y avait pas de ténèbres. Il n’y avait que la lumière divine, éternelle et infinie. Ainsi donc, pour créer « à partir de rien », Dieu doit d’abord créer le « rien ». Nous reviendrons bien sûr sur cet aspect important. En créant la lumière, Dieu rend manifeste les ténèbres. En créant… Dieu rend manifeste le néant; Dieu montre la possibilité du néant.  « Je façonne la lumière et je crée les ténèbres » (Is 45, 7).

Matière et vie

Évidemment, la grande thèse de Paul Bouchard repose sur la distinction entre ce qu’il appelle deux substances : la matière et la vie. M. Bouchard décrit largement le « comportement » distinct de ces deux substances et les conséquences sur l’humain de ne pas suffisamment tenir compte de cette distinction.

CONTEMPLER cette distinction nous renvoie inévitablement à la question du lien entre les deux, et à ce qu’on appelle aujourd’hui « l’apparition de la vie ».  Comment la vie a-t-elle pu jaillir de la matière inerte ?  À ce jour, il n’existe aucune théorie scientifique satisfaisante, bien que de nombreuses recherches aient été effectuées depuis plus d’un siècle.

D’un point de vue de CONTEMPLATION, nous pourrions déjà entrevoir que ce moment de l’apparition de la vie nous échappe. Il s’agit d’un moment quasi magique. Il peut être un moment infiniment bref, un passage instantané qui échappe à toute chronologie. Il peut aussi, à l’inverse, être un moment extrêmement long, échelonné sur des millions d’années, faisant en sorte que le « passage » ou « l’apparition » se dissout dans cette longue durée et ne peut être saisi ni défini avec précision.

Pourtant, la vie est là. Elle épouse la matière et s’en distingue à la fois. Il faudra bien sûr y revenir.

Adaptation et dépassement

Enfin, une des belles intuitions de Paul Bouchard à laquelle je me réfère constamment, c’est la présentation des deux lois de vie.  L’idée même de « lois de vie » m’apparait extrêmement importante, et nous y reviendrons dans la présentation de tout le processus évolutif qui conduit jusqu’à nous.  Mais cette intuition des deux lois ouvre un chemin qui me semble très insuffisamment exploré dans les thèses évolutionnistes.

Très souvent, on pense spontanément l’évolution en termes d’adaptation. Les espèces évoluent en s’adaptant à leur environnement. Paul Bouchard opte pour une orientation complètement différente. L’adaptation ne crée pas ou peu d’évolution. Ce qui amène une espèce à évoluer vraiment, c’est la loi du dépassement. Et cette loi agit justement là où la loi de l’adaptation ne peut plus opérer. Lorsqu’une espèce ne peut plus s’adapter, elle doit se dépasser. Ou de manière encore plus générale, lorsque la vie ne peut plus s’adapter, elle doit se dépasser. Et c’est ainsi que Paul Bouchard pose une autre intuition encore plus délicate : ce ne sont pas tellement les espèces qui évoluent, mais c’est la vie elle-même.

Je pourrais parler encore longtemps de tout ce que mon ami Paul Bouchard m’a appris. Je ne serais pas surpris du tout que, dans les années qui viennent, des groupes d’étude Paul Bouchard soient mis sur pieds. En effet, M. Bouchard apporte des intuitions originales et qui ouvrent des chemins de réflexion fort pertinents. Toutefois, son langage très original demande une certaine acclimatation. Voilà pourquoi, il faudra se pencher un peu longuement sur ses écrits pour en tirer toute la substance.

Je termine en vous renvoyant une fois encore à l’ouvrage qui me semble le mieux exprimer sa vision : « La création, mythe ou réalité. La Genèse décryptée. » Merci Paul.


Article suivant


4 réponses à “3- Hommage à Paul Bouchard”

  1. Mathieu Binette dit :

    J’aimerais bien former un « groupe d’étude Paul Bouchard » à la Maison de la Foi ! Quel serait le nombre minimal de participants pour que tu acceptes d’animer ce groupe, au moins au commencement ?


  2. Merci, cher Nicolas, pour ce compte-rendu presque dythyrambique. Je tiens à préciser pour tes lecteurs que les éloges reviennent à l’Esprit Saint qui m’a tout inspiré sans le moindre mérite de ma part. Je ne le dis pas par humilité mais parce que c’est la pure vérité. Sans Ses inspirations, je demeurerais dans la plus profonde ignorance des sujets abordés. Cela est si vrai que je n’en garde pas la mémoire une fois écrit et suis bien incapable de les exposer oralement. Je serais donc le premier bénéficiaire du groupe d’études que tu suggères. En ce qui me concerne, peut-être qu’une telle démarche me permettrait de sortir de l’isolement de manière à ce que je parvienne à exposer la “pensée de Jésus” avec plus de clarté et d’aisance.
    Bien que j’apprécie ta présentation en général, je me dois pourtant d’exprimer respectueusement mon désaccord avec l’un de tes développements. Je m’objecte à l’idée que Dieu, lorsqu’Il « commence l’œuvre de création… crée en premier le néant ». Trois raisons.
    1- Dans le contexte de ton article, il semble que cette opinion découle de ta fréquentation de mes écrits comme si j’avançais cette idée. Je soutiens en fait le contraire. Dieu n’a pas pu créer le néant comme le démontre mon deuxième argument ci-après.
    2- La création du néant est une contradiction dans les termes. Si Dieu avait créer le néant, le néant serait quelque chose, Et s’il est quelque chose, il ne peut pas être le néant puisque le néant est la négation de quelque chose, la négation de toute création. Dieu n’a pas créé le néant en vue de créer tout comme il n’a pas créé les ténèbres en créant la lumière. Ce que l’on peut dire, c’est qu’en créant, est survenue la possibilité de la non-création tout comme de la lumière découle la possibilité de son absence, soit les ténèbres.
    3- Enfin, l’hypothèse de la création du néant a pour conséquence logique que Dieu serait responsable du mal dans la création. Ce qui serait tout à fait contraire au dogme de foi ainsi que d’une interprétation juste des écrits bibliques et, particulièrement, des deux récits de la création de la Genèse.


    1. Bien cher Paul, merci pour ton commentaire pertinent.
      Il est évident que, lorsque je commente tes écrits, je ne prétends pas redire ce que tu as si bien exprimé déjà. Je partage simplement la réflexion que tes écrits suscitent en moi. Et je t’en remercie mille fois.
      Effectivement, parler de « création du néant » peut sembler une expression maladroite. Cela méritera pourtant qu’on y revienne, ne serait-ce que pour comprendre cette parole du prophète Isaïe:  » je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur. C’est moi, le Seigneur, qui fais tout cela. » * (Is 45, 7).
      Voici déjà une ébauche de réflexion sur ce sujet. Notre DIeu est le Dieu vivant. Il n’y a aucune mort en lui. Mais lorsqu’il crée la vie… « la vie créée » fait en sorte qu’apparaît la réalité de la mort. Et cette « mort créée », en plus d’être une réalité bien réelle et quotidienne, devient symbole d’une réalité spirituelle.
      Dieu est lumière. Il n’y a pas de ténèbres en lui. Mais lorsqu’il crée la lumière… « la lumière créée » fait apparaître les ténèbres. Et Dieu s’empresse de les séparer l’un de l’autre (Gn 1, 4). Et ces lumières et ténèbres deviennent symboles de réalités spirituelles importantes qui nous ramènent vers Dieu.
      Dieu est l’être subsistant. « Je suis  » est son nom. Il n’y a pas de néant en lui. Mais lorsqu’il crée… « l’être créé » fait apparaître le néant. Et cette étrange réalité aura quand même une grande importance. Car le Fils éternel « s’anéantit » en prenant la condition humaine (Ph 2, 7). ET une manière de décrire la vie spirituelle sera de la présenter comme un processus « d’anéantissement ». Vaste chemin de dialogue et de contemplation à poursuivre…


      1. Cher Nicolas, sur le fond de la question, nous sommes bien d’accord. Comme tu le précise en mentionnant « l’être créé », le néant ne provient pas du Créateur mais de la créature du simple fait qu’elle a un commencement et, éventuellement, une fin. La notion de néant découle d’une création dans le temps. Même un Dieu Tout-puissant et éternel n’aurait pu créer sans que survienne inévitablement la dimension spatio-temporelle. Même les Anges ont été créées dans le temps, fut-ce dans une autre dimension spatio-temporelle que celle que nous expérimentons.
        Cela dit, notre différend tient sans doute du vocabulaire. Il me semble lié au sens du mot « créer ». Nous disons que Dieu crée par sa Parole. Cette Parole est essentiellement positive, elle est de l’être, elle est lumière, elle est amour. Un Dieu d’Amour ne peut exprimer (ou exposer) que l’Amour. Mais dans la créature, cette Parole peut se répercuter en négatif : haine, ténèbres, non-être. Comme si le positif de la Parole ne pouvait pas toujours se concrétiser dans la créature de sorte que l’acte créateur peut se réverbérer négativement.
        Interprété dans cette optique, le verset en Isaïe (ainsi que d’autres passages où il est question de vie et de mort) prend une tout autre couleur. Je paraphrase : « Je façonne la lumière, ce qui a pour effet le surgissement des ténèbres, je fais la paix et le malheur se manifeste ». Même dans le jardin en Éden que Dieu a expressément « planté » (Gn 2, 8), le Serpent est parvenu à se faufiler.