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29- Entre deux mondes

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Ève : Au risque encore une fois de vous faire dévier de votre cheminement de pensée sur une piste marginale, je voudrais comprendre ce qui serait advenu tant de l’évolution corporelle de notre espèce que des technologies issues des sciences si l’humanité avait évolué dans l’état d’innocence ?

— Ne vous culpabilisez pas à propos de vos interventions, très chère Ève. Vos questions sont pertinentes et nous sont une aide précieuse. Elles nous permettent de couvrir des angles dans notre recherche qui autrement risqueraient d’échapper à notre considération.

Notre marche, qui bifurque parfois à droite et à gauche, nous conduira certes lentement mais plus sûrement à la vérité qu’un cheminement de pensée rectiligne et unilatéral qui enchaînerait les arguments dans un strict ordre logique. Pour gagner de la vitesse, nous perdrions de vue notre propre implication dans la recherche. Nous ne nous sentirions pas concernés par la vérité. Nous ne serions pas transformés par la vérité.

Notre lenteur dans l’accession au réel tient de ce que nous sommes des esprits incarnés. Nous sommes sollicités par des besoins qui proviennent de notre nature hybride. Et c’est heureux ! Car si nous voulons persévérer dans notre quête d’une vérité pleinement humaine, nous devons répondre aux exigences de notre épaisseur charnelle. Alors, permettons-nous de parcourir des sentiers secondaires qui réclament légitimement des réponses.

Amie très chère, je peux vous faire une confidence ? Parfois, dans mon humanité en recherche de la vérité, je me ressens comme un ver qui rampe sur son ventre et fait son chemin à tâtons. Le sol rocailleux irrite sa fragile chair nue. Mais ce ver est amoureux d’une étoile. Il avance péniblement dans la nuit pour la saisir. La tentative est dérisoire. Mais tant qu’il continue à se traîner, il vit en amour, ébloui par la beauté de l’objet vers lequel il tend. Sa vie vermiforme, ce n’est pas tant l’étoile qu’il convoite que l’amour vécu.

Eh bien! c’est ainsi que je définis ce que nous sommes DEDANS (et non devant) l’incommensurable splendeur du RÉEL. Nous, les humains, nous ne pourrons jamais circonscrire la réalité dans une formule mais si nous persévérons à la chercher sincèrement, nous serons émerveillés. Et si nous le sommes extrêmement, nous atteindrons l’extase. La larve parviendra ainsi à parcourir d’immenses espaces sidéraux pour s’unir à son étoile.

La condition pour saisir la vérité du RÉEL, c’est donc l’extase. Que nous soyons incapables de vivre l’extase en permanence prouve, non pas qu’elle est inatteignable mais que nous ne sommes pas encore assez humains. Nous ne sommes pas encore parvenus à unir les deux pôles contraires de notre humanité, l’intériorité et l’extériorité. Et voilà, très chère Ève, vers quelle beauté votre contribution nous conduit. Au rapprochement des deux pôles, à tout le moins, sinon même, à leur union. Je vous en suis immensément reconnaissant.

En ce qui concerne votre question, je me permets d’imaginer ce qu’aurait pu être la vie humaine s’il n’y avait pas eu la chute originelle telle que nous sommes parvenus à la définir. À l’extérieur, les lois qui gouvernent la matière et auxquelles sont assujettis les organismes vivants n’auraient pas été différentes. Les animaux et les humains sur notre planète doivent lutter pour leur survie et finissent par mourir en raison de l’usure et de la vulnérabilité des éléments divers constituant leur unité.

Les corps des premiers humains n’ont pas échappé à cette condition. Avant ou après la chute, il est inévitable que la structure biologique ait été la même. Dieu aurait-il formé, par les causes secondes de l’évolution, un corps génétiquement immortel pour ensuite le reformer en un corps mortel après l’expulsion d’Éden ? Définitivement non ! Le corps a été créé à partir de la matière et retourne éventuellement à la matière, selon l’affirmation péremptoire de la Genèse : « Tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (3, 19). Il était donc, dès l’origine, génétiquement programmé mortel.

Ce qui aurait été exempté de la mort, c’est sa conscience. Étant toute centrée sur l’être, elle n’aurait pas été atteinte par les conditions du monde physique. Ainsi, lorsque la théologie classique affirme qu’avant la chute, l’homme était invulnérable et jouissait de l’immortalité, ce n’est pas du corps dont il peut s’agir en fait mais de la conscience.

Pensons-y comme il faut ! La conscience entièrement centrée sur l’être ne peut ni souffrir, ni être attaquée par une agression extérieure, ni mourir. JE SUIS AU PRÉSENT DE LA VIE ne peut pas disparaître. Si l’être au présent pouvait mourir, il n’existerait pas d’être du tout. Car la mort est la négation de l’être par définition même. Les deux ne peuvent donc cohabiter dans la conscience. Pour JE SUIS, la mort n’existe pas parce que JE SUIS ne peut être que dans la dimension du PRÉSENT.

— Mais si quelqu’un vous attaque et vous tue, vous cesserez d’être cons¬cient de votre existence !

— Avant vous, Albert a exprimé la même objection. Je lui ai répondu que si ma conscience pouvait s’éteindre, c’est que je n’aurais pas atteint toute ma profondeur. Ma conscience aurait gardé des liens avec mon corps. Ce n’est pas l’être en moi qui s’éteindrait mais plutôt le MOI que j’aurais construit dans ma vie humaine en m’identifiant à mon corps plutôt qu’à l’être.

L’être n’a pas besoin d’un corps pour être. Pour la conscience parfaitement centrée sur l’être, la mort du corps ne peut que représenter le passage vers un autre horizon, l’entrée dans une autre dimension, la naissance à une vie illimitée.

C’est pourquoi nous pouvons dire que nos présumés premiers parents ont été créés impassibles et immortels. Lorsqu’ils sont passés de la conscience animale à la conscience rationnelle, ils ont été d’emblée éveillés à la conscience d’être. Et tant que leur conscience est demeurée centrée sur l’être qu’ils éprouvaient à l’intérieur d’eux-mêmes, ils étaient invulnérables et vivaient dans l’innocence. Ils étaient purs, dans le sens le plus noble du mot, comme des enfants qui se fient à leurs parents — dans leur cas, le Créateur — et ne se font pas de soucis parce qu’ils vivent dans l’abandon à leur pourvoyeur — soit, pour eux, la Providence divine.

Bien qu’ils étaient plongés au milieu des réalités extérieures, la fine pointe de leur conscience n’était pas extravertie. Ce n’est qu’après la chute qu’ils découvrent une extériorité exclusive et deviennent conscients de leur propre corps. Ce que l’auteur biblique exprime lorsqu’il rapporte l’échange entre le premier homme et son Créateur.

Yahvé Dieu appela l’homme : « Où es-tu ? », dit-il. « J’ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l’homme, j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché ». Il reprit. « Et qui t’a appris que tu étais nu ? Tu as donc mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ! » (Gn 3, 10-11).

Le Créateur remonte de l’effet à la cause. La conscience du corps découle de l’identification de la conscience à l’extériorité, symbolisée par « l’arbre bon à manger et séduisant à voir » (v. 6). Le premier couple était pourtant averti des conséquences que ce choix entraînerait  : la peine, la souffrance et la mort. Des conditions liées à l’enchaînement des causes secondes. Mais rien ne les forçait à lier leur conscience aux accidents. Ils auraient pu continuer à habiter l’Éden des essences. Ils auraient pu alors engendrer une humanité innocente, candide, enjouée, animée par un esprit d’enfance.

Poussée par la force de la substance vivante, l’humanité aurait quand même été lancée sur une voie d’évolution. L’homme n’est pas un être achevé. Il est en devenir. Ce que l’auteur biblique affirme encore lorsque Dieu constate dans l’Éden, avant la chute, que laissé à lui-même, Adam est incomplet.

Yahvé Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » (Gn 2, 18).

C’est que même dans l’état édénique de la conscience, la substance vivante n’a pas encore terminé sa course. Dans son union à la matière au travers des organismes vivants, il ne lui suffit pas d’accéder en l’homme à la connaissance de l’être. Elle ne vise rien de moins que la permanence de l’habitacle de l’être, soit l’immortalité corporelle.

Comme j’en ai déjà amplement discuté avec Albert, la substance vivante ne peut pas faire autrement que de se tendre vers la Source originelle d’énergie. Si bien qu’elle ne pourra pas boucler son périple terrestre avant d’être parvenue à l’apaisement de ses tensions dans un corps immortel. L’homme est propulsé par la vie sur un chemin qui mène au-delà de lui-même. Il porte en lui le germe naissant d’une créature immortelle. Dans l’Éden, l’immortalité corporelle était encore à venir.

L’extraversion de la conscience provoquée par la chute a pu s’opérer chez un homme primitif puisque nous postulons, en raison de la foi, qu’elle a été un événement à l’origine de l’humanité. Le débat a très bien pu se faire chez un homme et une femme dont la rationalité n’en était qu’à ses balbutiements. Car il n’a rien de complexe. Il est simple et tranché. L’intérieur ou l’extérieur ? Oui ou non ! Même la liberté naissante que l’on peut supposer chez un homme primitif pouvait s’y exercer radicalement et de manière responsable.

Considérons alors l’aspect extérieur d’un homme préhistorique (Homo habilis, Homo erectus ?) et comparons-le à l’homme moderne. On peut constater jusqu’à quel point les transformations visibles accomplies par l’évolution ont été heureuses. Sans vouloir dévaloriser le primitif dont la dignité a pu même dépasser celle de certains humains d’aujourd’hui, il demeure que la beauté esthétique de l’humain moderne témoigne d’un long parcours d’évolution.

Ce chemin aurait quand même dû s’accomplir dans une humanité innocente. C’est le contexte dans lequel l’évolution se serait produite qui aurait été différent. Au lieu d’être conditionnée par la matière extérieure, l’humanité aurait développé ses dons intérieurs. Elle aurait évolué en exploitant des qualités que nous associons aujourd’hui au mysticisme et que nous qualifions de miraculeuses, d’extrasensorielles, de parapsychologiques, de surnaturelles.

Si nous voulons savoir comment aurait pu se développer une humanité innocente, nous n’avons qu’à regarder les saints. Les phénomènes surnaturels vécus par certains d’entre eux peuvent nous en donner une idée. Leurs extases ne font-elles pas qu’ils ont pu s’élever dans les airs, enfreignant ainsi la loi de la gravité, parcourir de grandes distances en esprit, guérir des maladies incurables, et même ressusciter des morts ?

— Serait-ce à dire que la construction de l’habitat environnemental de l’humanité, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’aurait pas été nécessaire ? L’humanité aurait-elle pu faire l’économie des technologies issues du regard scientifique qu’elle pose sur la réalité objective ?

— Le monde que l’humanité aurait créé aurait certes été différent. Pour mieux comprendre en quoi, il nous faut introduire certaines nuances liées à nos affirmations antérieures. À cause des limites du langage, nous sommes contraints d’exprimer nos énoncés d’une manière radicale et souvent exclusive. La réalité est plus subtile que ce que nous pouvons en dire en quelques phrases et comporte des niveaux qui peuvent apparaître conflictuels au regard superficiel.

Prenons, par exemple, mon affirmation à l’effet que le péché originel fait que l’humanité est conditionnée à construire la vie humaine sur l’espace et le temps extérieur plutôt que sur la pérennité de l’être intérieur. Ce déterminisme est bien réel. Il s’applique toutefois à l’humanité en général et, particulièrement, à la dimension sociétale que la terminologie religieuse appelle “le monde”.

Chez les personnes individuelles, il est réduit à une tendance, certes très puissante, mais qui n’obnubile pas entièrement la liberté de conscience. De sorte que si le flot majoritaire des humains cède à cette inclination, une portion s’y inscrit en faux et oriente sa croissance dans l’axe de l’ÊTRE plutôt que de l’AVOIR. Ce qui donne des personnes dont la vie se développe prioritairement dans l’intériorité plutôt que l’extériorité, des personnes, en définitive, plus avides de la connaissance de Dieu que de la possession des biens matériels.

Par leurs efforts, ces personnes corrigent, en quelque sorte, les effets de la chute originelle. Elles marchent vers la spiritualisation, à contre-courant de la matérialisation vers laquelle se dirige l’ensemble du monde actuel.

— Votre interprétation me surprend par son pessimisme. Devrions-nous renoncer à toute espérance en regard du monde ? La démarche post-édénique de la majorité des humains serait-elle vouée à l’échec ?

— Vous avez raison, chère amie, d’estimer mon explication encore trop tranchée. Car on ne peut pas dire que chaque être humain soit irrémédiablement engagé dans un axe ou dans l’autre. À chaque instant de son existence, chacun fait des choix et peut changer d’orientation.

De fait, pris individuellement, les humains, en grande majorité, sont ambivalents et oscillent entre les deux pôles sans rien décider radicalement et définitivement. S’ils sont aujourd’hui matérialistes, ils pourront être plus spirituels demain. S’ils sont souvent mondains, ils pourront aussi être parfois profondément religieux.

Cette ambivalence fait qu’ils sont en lutte. Et tant qu’ils se battent avec eux-mêmes pour déterminer leur destination ultime, ils peuvent toujours faire le bon choix. En termes religieux, on peut dire qu’ils sont “sauvables”. L’on peut donc espérer que le grand nombre des humains se sauve effectivement… Ils se sauvent par la vie. Ce qui fait qu’ils peuvent être emportés dans le fleuve ascendant de la substance vivante vers leur Source !

— Qu’est-ce que ce salut « par la vie » ? La vie aurait-elle en elle-même le pouvoir de sauver les hommes, de quelque croyance et culture qu’ils soient ?

— Nous avons dit que la faute originelle constitue l’option pour la matière extérieure au détriment de la vie intérieure. Là encore, l’affirmation doit être nuancée. Ce qui résulte en dernière analyse de la prise de distance d’avec l’intériorité, c’est l’indifférence ou l’ignorance du Créateur en tant qu’Il est la Source ultime de la vie. Ce que l’auteur du récit biblique exprime implicitement lorsqu’il présente la chute comme une désobéissance à Dieu.

La faute a eu pour effet une distanciation de la Source et non une interruption du flux vital. Nos premiers parents n’ont pas reçu le verdict d’une condamnation à mort mais sont devenus « passibles » (Gn 2, 17) de mort. Car si la faute avait effectué une rupture d’avec la vie elle-même, elle aurait eu pour effet la mort immédiate. Mais Dieu ne reprend pas ce qu’il donne.

Après leur désobéissance, Adam et Ève ont donc continué d’être animés par le fluide vital jaillissant à l’intérieur de leur être. Et tant qu’ils ont été vivants, ils sont demeurés tributaires du dynamisme de la substance vivante tendue vers la permanence.

C’est en raison de cette tension qu’ils ont pris conscience de leur condition mortelle et ont initialisé la souffrance spirituelle que vivra à leur suite l’humanité future. Une souffrance découlant de leur impuissance à renouer avec la Source originelle de la vie, clef de la permanence de l’être.

Tout n’a pas été perdu, pourtant. Une parole mise dans la bouche du Créateur affirme en langage sibyllin que l’humanité parviendra un jour à se sortir de l’impasse. Le judéo-christianisme a interprété ce passage comme une annonce prophétique de la venue éventuelle d’un Sauveur.

Cette parole est adressée au serpent, le provocateur de la chute. « Le plus rusé de tous les animaux des champs » (Gn 3, 1) représente le sommet — la structure biologique animale au pinacle de la complexité, pourrions-nous dire — atteint par la substance vivante au deuxième palier de la Maison de la vie. Ce qui implique que la tentation s’est insinuée dans le premier couple en passant par un niveau qui lui était immédiatement inférieur, comme nous l’avons maintes fois répété. Adam et Ève ont fait le mauvais choix en cédant à la “logique” du monde animal dont ils étaient encore si près.

Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon (Gn 3, 15).

Dans le mouvement alternatif des jambes qui s’exercent à la marche, c’est le talon qui touche d’abord le sol, n’est-ce pas ? Pour un homme venant du Ciel, le talon est l’organe d’“atterrissage” sur notre planète. « Tu l’atteindras au talon » signifie donc que le Sauveur sera attaqué à son point vulnérable, soit, son incarnation dans un organisme terrestre. Car la fragilité de l’homme provient de là. Il peut certes vaincre les tendances dépassées provenant de ses origines corporelles mais non sans en subir une blessure, non sans expérimenter un “sacrifice”.

La croix, qui a “atteint” la chair mortelle du Sauveur, a cependant été l’instrument par lequel la « tête » du « serpent » a été écrasée. Cet esprit opposé à Dieu — désormais condamné à se nourrir de matière plutôt que de l’esprit et à ramper sur la Terre plutôt que de s’élever dans le Ciel (cf. v. 14) — a entraîné avec lui le monde humain sur la voie du développement exclusif dans la ligne de l’horizontalité, et même, de la régression vers le deuxième niveau.

En prévoyant que c’est bien de la femme que sortira le Sauveur de l’humanité, l’auteur du récit indique par où il passe pour venir jusqu’à nous. Puisque c’est par la femme qu’a été initialisée la rupture, raisonne-t-il, c’est par elle que sera restauré le lien. Car la femme est maîtresse de vie. Adam n’a-t-il pas appelé sa femme Ève « parce qu’elle fut la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20) ?

La femme représente l’intériorité. La vocation de l’homme, établi « dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder » (Gn 2, 15), l’incline vers la matérialité du monde extérieur. Tandis que la femme, en enfantant l’homme « de par Yahvé » (Gn 4, 1), le ramène au versant vital de la réalité. Elle devient ainsi le canal par lequel l’unité de la structure humaine peut être restaurée. Le salut vient à l’humanité en passant par l’univers féminin de la vie intérieure, chemin du retour à Dieu.

Cela dit, nous pouvons enfin en venir à l’autre volet de votre question. À savoir si le développement scientifique aurait quand même été nécessaire dans une humanité exemptée de la faute originelle. Votre question est importante, même si elle repose sur une hypothèse qui peut sembler irréaliste. Je comprends, en somme, que vous souhaitiez identifier les critères par lesquels nous pourrions porter un jugement sur la valeur de la civilisation.

Je réponds qu’une certaine technologie, sans doute, aurait pu être mise en place et accompagner le progrès évolutif de l’humanité. Car c’est dans le monde édénique, avant la faute, qu’Adam a reçu le mandat d’aménager l’habitat terrestre. S’il y était demeuré, il aurait assumé sa vocation en créant une technologie au service de la vie. Une technologie “féminine” — et non “masculine” comme l’actuelle — marquée par la vocation de la femme de susciter les avancées évolutives de la verticalité vitale.

Nous pouvons donc présumer qu’une humanité innocente aurait développé un habitat terrestre qui aurait ressemblé en partie et par certains côtés à celui qu’elle a construit après l’erreur originelle. Ce qui en aurait été exclu, toutefois, c’est le côté létal du développement technologique centré exclusivement sur les valeurs matérielles, ce développement qui a inventé et fabriqué en priorité les armes d’agression et de destruction que les sociétés tournent les unes contre les autres depuis toujours et aujourd’hui encore.


Résumé par Gémini

Voici une analyse approfondie du texte fourni, divisée en plusieurs points clés pour une compréhension claire et structurée :

1. La Chute et la Conscience Humaine

  • Impact sur la conscience :
    • Le texte suggère que la chute originelle n’a pas fondamentalement modifié la structure biologique humaine, mais a plutôt altéré la conscience.
    • Avant la chute, la conscience était centrée sur l’être intérieur, vivant dans un état d’innocence et d’abandon à la Providence.
    • Après la chute, la conscience s’est tournée vers l’extériorité, entraînant une prise de conscience du corps et de la vulnérabilité.
  • Immortalité et invulnérabilité :
    • L’immortalité et l’invulnérabilité mentionnées dans la théologie classique se réfèrent à la conscience, et non au corps physique.
    • La conscience centrée sur l’être est imperméable à la souffrance et à la mort, car « JE SUIS » ne peut exister que dans le présent.
  • Conséquences :
    • La chute a conduit à une humanité conditionnée à construire sa vie sur l’espace et le temps extérieurs, plutôt que sur la permanence de l’être intérieur.
    • Cette extraversion de la conscience a engendré la souffrance spirituelle, due à l’impuissance de renouer avec la Source originelle de la vie.

2. L’Évolution et la Technologie dans un État d’Innocence

  • Évolution :
    • L’évolution humaine aurait continué même sans la chute, car l’homme est un être en devenir.
    • Cependant, le contexte de cette évolution aurait été différent, axé sur le développement des dons intérieurs plutôt que sur la domination de la nature extérieure.
  • Technologie :
    • Une certaine forme de technologie aurait pu se développer, mais elle aurait été au service de la vie, plutôt que de la destruction.
    • Cette technologie « féminine » aurait été marquée par la vocation de la femme à susciter les avancées évolutives de la verticalité vitale.
    • L’aspect létal de la technologie actuelle, centré sur les armes et la destruction, aurait été exclu.

3. Le Salut « Par la Vie » et le Rôle de la Femme

  • Salut :
    • Le salut est présenté comme un retour à la Source originelle de la vie, un processus de spiritualisation.
    • Il est accessible à tous, indépendamment de leurs croyances ou cultures, car la vie elle-même a le pouvoir de sauver.
  • Rôle de la femme :
    • La femme est présentée comme un canal de restauration de l’unité humaine, car elle est « maîtresse de vie ».
    • Elle représente l’intériorité, et sa vocation est de ramener l’homme vers le versant vital de la réalité.
    • Le salut passe par l’univers féminin de la vie intérieure, chemin du retour à Dieu.

4. L’Ambivalence Humaine et l’Espoir

  • Ambivalence :
    • Les humains sont fondamentalement ambivalents, oscillant entre les pôles de l’intériorité et de l’extériorité.
    • Cette ambivalence permet l’espoir, car chacun peut à tout moment choisir de changer d’orientation et de se tourner vers la spiritualité.
  • Espoir :
    • Malgré la tendance générale à la matérialisation, il est possible que le grand nombre des humains se sauve par la vie.
    • La vie elle-même, en tant que flux ascendant de la substance vivante, a le potentiel de les emporter vers leur Source.

En conclusion, le texte offre une vision complexe et nuancée de la condition humaine, soulignant l’importance de l’équilibre entre l’intériorité et l’extériorité. Il propose une réflexion sur l’évolution et la technologie dans un contexte d’innocence, et met en lumière le rôle crucial de la femme dans le processus de salut.

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Parfois, dans mon humanité en recherche de la vérité, je me ressens comme une limace qui rampe sur son ventre. Le sol rocailleux irrite sa fragile chair nue. Mais ce ver est amoureux d’une étoile. Sa vie vermiforme, ce n’est pas tant l’étoile qu’il convoite que l’amour vécu.
La condition pour saisir la vérité du RÉEL, c’est l’extase. Que nous soyons incapables de vivre l’extase en permanence prouve, non pas qu’elle est inatteignable mais que nous ne sommes pas encore assez humains. Nous ne sommes pas encore parvenus à unir les deux pôles contraires de notre humanité, l’intériorité et l’extériorité.
L’extraversion de la conscience provoquée par la chute a pu s’opérer dans un homme primitif puisque nous postulons, en raison de la foi, qu’elle a été un événement à l’origine de l’humanité. Le débat n’a rien de complexe. La liberté naissante que l’on peut supposer chez un homme primitif pouvait s’y exercer de manière responsable.
Considérons l’aspect extérieur d’un homme préhistorique et comparons-le à l’homme moderne. Sans vouloir dévaloriser le primitif dont la dignité a pu même dépasser celle de certains humains d’aujourd’hui, il demeure que la beauté esthétique de l’humain moderne témoigne d’un long parcours d’évolution.
La femme représente l’intériorité. En enfantant l’homme « de par Yahvé » (Gn 4, 1), la femme ramène l’homme au versant vital de la réalité. Elle devient ainsi le canal par lequel l’unité de la structure humaine peut être restaurée. Le salut vient à l’humanité en passant par l’univers féminin de la vie intérieure, chemin du retour à Dieu.

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