La foi religieuse et les connaissances scientifiques sont-elles conciliables ? Les visions de la réalité que ces deux mondes de la pensée projettent peuvent apparaître contradictoires aux yeux de certains. De part et d’autre, des protagonistes perçoivent une incompatibilité entre ces deux quêtes de la vérité. Cette discordance ne se manifeste certes pas au quotidien de la vie en société mais n’en demeure pas moins un problème déterminant de la culture moderne.
Car le conflit larvé entre foi et science ne manque pas de se répercuter sur les options comportementales des individus. Soit qu’on feigne de n’en rien savoir, quitte à poursuivre sa propre démarche avec des œillères pour ne pas risquer d’être remis en cause par les questions dérangeantes de l’autre versant. Soit encore qu’on prétexte la difficulté pour refuser le dialogue et se justifier de tourner définitivement le dos à la position adverse.
Des attitudes qui, en bout de ligne, génèreront des scientifiques athées et des religieux antiscientifiques. Deux solitudes ! À l’occasion, pourtant, des militants, d’un bord comme de l’autre, n’hésiteront pas à sortir du rang pour monter aux barricades contre le camp adverse. Cependant que monsieur et madame Toulemonde demeureront sur leur faim de vérité et devront se résigner à ne rien comprendre des grandes questions qui les tenaillent : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ?
Mais il n’y a pas deux univers à expliquer. C’est une seule et même réalité dans laquelle sont plongés l’homme de science et l’homme de foi, même si chacun l’appréhende à sa manière, le premier, surtout avec sa tête, l’autre, plutôt avec son cœur. Un même monde aussi où les gens ordinaires, sans autre compétence que leur humanité, cherchent un sens à leur existence. Devraient-ils se résoudre à l’écartèlement de leur esprit entre la tête et le cœur ?
Cette petite guerre est bel et bien inutile. Car le différend n’est pas fondé. La tête et le cœur seraient-ils des ennemis irréconciliables ? Il est clair que l’un ne peut aller sans l’autre. Un cerveau sans cœur et un cœur sans cerveau n’ont guère d’avenir. Ils ne sont pas viables. Tête et cœur sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre pour progresser et grandir. Et même, ils sont faits l’un pour l’autre. Qu’ils parviennent à s’entendre et ils pourront atteindre des sommets insoupçonnés ! Qu’ils travaillent en synergie et ils accompliront des œuvres grandioses !
Le projet
C’est cette réconciliation que je vise dans le présent ouvrage. Modestement, à ma mesure. Ma démarche s’accomplit en trois temps. Plutôt que de m’engager dans un discours systématique structuré selon un plan rigoureusement logique, j’ai choisi d’exposer ma pensée sous la forme du dialogue. Une simple conversation impliquant tour à tour des interlocuteurs différents associés à chacune des trois parties de ma recherche.
Dans le premier volet, sous-titré Du Logos à l’atome, je me confronte aux présupposés d’une certaine culture religieuse fondamentaliste qui mine le terrain du dialogue entre science et religion. Cette section répond à l’inquiétude de Christian qui estime incompatible le récit de la création de la Genèse et le donné scientifique de l’évolution. Quatre entretiens suffisent pour démontrer que le conflit n’est pas fondé et que ces points de vue, en apparence aux antipodes, sont en fait admirablement complémentaires.
La deuxième partie, intitulée De l’atome au Fils de l’homme, propose une approche rationnelle du donné de l’évolution. Le dialogue s’enclenche avec un agnostique qui déconsidère la vision spirituelle de la réalité au nom de la vérité objective. Sans être lui-même un scientifique, Albert baigne dans une culture influencée par le “scientisme”, cette conception philosophique qui tend à réduire la réalité à ce qui est scientifiquement démontrable. Les 17 entretiens échangés avec ce chercheur de la vérité peuvent faire comprendre que foi et science génèrent des connaissances dites “relatives” qu’une approche philosophique réaliste, qualifiée de quantique, permet de fusionner en des connaissances universelles étonnantes.
Dans la troisième section, Du Fils de l’homme à Dieu, je poursuis la recherche d’une vérité qui réponde aux grandes aspirations spirituelles de l’humanité tout en donnant satisfaction à une rationalité ouverte sur l’intangible. Le dialogue se prolonge en compagnie d’Ève, une femme travaillée par les exigences de la vie. Elle se questionne à propos de la souffrance, de la mort et du mal sur notre planète. Ces tragiques et incontournables conditions, pourra-t-on induire des dialogues, constituent un tremplin vers une vie toujours plus haute et intense qui pointe en direction de la quête ultime de l’évolution.
Par cette technique du dialogue, on peut comprendre la démarche visant à faciliter l’assimilation de la pensée pour le grand public. Le but est d’apporter des réponses aux questions du lecteur au fur et à mesure qu’elles surgissent dans son esprit plutôt que de l’entraîner dans un discours abstrait, unilatéralement orienté, et dont ses interrogations seraient exclues.
Je tiens pourtant à préciser que les trois personnages impliqués dans les dialogues sont fictifs et qu’on risque peu de rencontrer dans la réalité des émules plus tranchés. L’objectif est de pousser les positions à l’extrême de manière à bien faire ressortir les problématiques.
Les compétences
Pour le dire en bref, il s’agit donc ici de donner du cœur à la science et de l’intelligence à la foi. Une tâche démesurée, peut-être ? À tout le moins, un projet que d’aucuns pourraient juger disproportionné par rapport à mes compétences. Car je ne suis ni homme de science ni théologien. On risque très peu ici de se buter à un discours savant.
On ne sera pas non plus référé à des auteurs reconnus à l’appui des énoncés. Les connaissances exactes et hypothèses scientifiques que je mets de l’avant peuvent facilement se vérifier. Elles relèvent d’une culture générale universellement admise. Dans le contexte de cet ouvrage, réalisé sous la forme littéraire d’une série d’entretiens, je n’ai pas cru nécessaire, pour assurer la crédibilité de mon exposé, de l’alourdir de références à des sources érudites.
À quel titre, donc, prétendrais-je m’attaquer à un projet aussi audacieux que des plus brillants hésiteraient à entreprendre ? Puis-je mettre à mon compte une tendance tout à fait innée à la cogitation ? Pourtant, je ne m’intéresse nullement aux systèmes philosophiques développés sous l’angle de l’érudition. Car ils s’exposent souvent sous la forme d’un langage hermétique, accessible aux seuls initiés. Je suis plutôt sollicité par une pensée toute nue, primitive, sans grand apparat de culture, qui fait table rase des présupposés et qui jaillit de la simple confrontation de l’intelligence à la réalité. Cela étant dit au titre de mes compétences ou incompétences, pourrait-on refuser de me créditer mon expérience humaine ?
Mon cheminement
Toujours est-il que, dès mon adolescence, je me déclarais athée. Cette position découlait logiquement, selon mon évaluation d’alors, de la prise en considération des découvertes scientifiques. Elles me semblaient renverser la vision religieuse traditionnelle sur l’origine de l’univers. L’hypothèse de l’évolution biologique, notamment, ne permettait-elle pas d’expliquer l’existence des organismes vivants et l’apparition de l’espèce humaine avec plus de crédibilité que la Bible ou d’autres écrits fondateurs de la pensée religieuse ?
Mais quelques années plus tard, je devais me confronter à la vérité spirituelle. Je ne dirai pas que l’expérience a constitué un retour aux sources de la foi de mon enfance. Elle m’a plutôt propulsé au-dessus de mon état naturel. Ici, le nouveau et l’ancien se confondaient. Je percevais la vérité sous un tel jour que c’était comme une révélation universelle sans commune mesure avec la culture chrétienne traditionnelle.
Or, cette vision intégrait l’évolution biologique. Que dis-je ? L’évolution en était le centre. Et même, elle était une clef ouvrant la porte d’une interprétation lumineuse de la réalité. Mais une évolution vue sous un angle inédit. Non seulement la théorie scientifique m’apparaissait-elle compatible avec la doctrine chrétienne mais elle conférait à cette dernière une dimension époustouflante. Elle pouvait même assurer au christianisme un second souffle assez puissant pour inspirer toute une civilisation de progrès fantastiques, tant spirituels que scientifiques.
Quant au savoir scientifique, il me semblait voué à la fragmentation, à l’enlisement dans le cul-de-sac de la spécialisation. En rétrécissant de plus en plus ses perspectives, en ciblant son objet avec une technicité de plus en plus pointue, il devenait de moins en moins capable d’une appréhension globale et synthétique de la réalité.
Or, cette vision éblouissante, qui a en quelque sorte pris possession de mon esprit, me semblait constituer aussi un déblocage à cet égard. En fournissant un modèle inédit d’évolution, un gabarit de sens au développement de la vie, elle pourrait permettre, me disais-je, un essor fulgurant de la recherche et un déplafonnement prodigieux des acquis actuels.
Bref, je me confrontais à une admirable synthèse. À une vision universelle qui m’était donnée gratuitement, sans autre mérite de ma part que l’exigence absolue, le besoin viscéral de découvrir, coûte que coûte, la mystérieuse vérité du réel.
C’est cette vision sublime que le lecteur pourra saisir à son tour, je l’espère, en filigrane du présent ouvrage.
3 réponses à “Introduction”
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Paul, je viens de lire cette introduction, et je me rends compte que je suis comme Ève…non pas que je sois devenu une femme, mais je me pose comme elle toutes ces questions, à propos de la souffrance, de la mort, du mal sur cette planète et aussi sur cette race que Dieu a créé qu’il appelle l’homme, sur sa cruauté. Peut-on avoir un dialogue constructif?, je me questionne depuis des années sur l’existence de Dieu, parfois j’arrive à entrouvrir des portes qui aussitôt se referment.
je compte beaucoup sur votre aide pour me guider, en particulier sur toi Paul. -
J’ai toujours pensé que ces deux domaines de la réalité, science et foi, pourraient un jour se donner une franche poignée de mains, de la même façon que deux versant opposés d’une montagne se rencontrent au sommet seulement, mais avaient au départ le même but : ce sommet où ils se retrouvent.
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La tête et le cœur, des mots-clef souvent perçus aux antipodes par la culture d’aujourd’hui. Dans l’humanité moderne, l’incompatibilité présumée entre les deux est source de confusions et de divisions. Tout le travail d’étude de L’évolution d’Alpha à Oméga vise non seulement à réconcilier l’apparent conflit mais à accéder au mariage synergétique de leurs perspectives pour labourer en soi le terreau de la Pensée Nouvelle.
À cet égard, une phrase de l’introduction exprime en raccourci le sens de la démarche du GTPN : « Il s’agit ici de donner du cœur à la science et de l’intelligence à la foi. » L’entreprise est certes audacieuse et semble disproportionnée… Mais elle vaut d’être tentée. Car elle peut assurer, tant à la doctrine chrétienne qu’à la démarche scientifique, l’essor d’une culture nouvelle dont pourra émerger la civilisation de l’amour.
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